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Dans les nuages

Mercredi 26 Juin 2019, nous devions traverser assez rapidement l’Équateur pour retrouver notre aîné vers le 18 Juillet en Colombie. Changement de programme, il nous rejoindra finalement le 20 Juillet à Quito ce qui nous laisse du temps. Cap sur la côte, on a régulièrement besoin d'un shot d'air marin. Mais avant ça nous devons traverser la Cordillère d'Est en Ouest. Les hauts volcans non loin de Quito accrochent les nuages, les retiennent sur leurs pointes acérées.

A 4000 mètres d'altitude la caldeira du Quilotoa s'étale sous nos pieds. 3 km de large, des falaises à pic qui tombent 400 mètres plus bas dans un lac aux eaux couleur émeraude, le site est impressionnant.

Vu comme ça on dirait la plage d'un endroit paradisiaque. Mais il faut toujours se méfier de l'eau qui dort. Ce volcan pourrait bien se réveiller demain.

Certains endroits non aménagés frôlent le vide, pas très rassurant pour Aloys qui a le vertige.

Malgré le froid on décide de passer la nuit sur le site géré par une communauté qui y a construit quelques hostels moches. Un grand terrain à l'écart fera parfaitement l'affaire. On a beau être habitués à l'altitude un mal de tête énorme me terrasse. Je finis par m'endormir avec deux cachets d'aspirine. Philéas affronte le vent glacial jusqu'au petit matin.

Jeudi 26 Juin 2019, commence la longue descente jusqu'au niveau de la mer. On suit le canyon du rio Toachi sur l'altiplano où les cultures escaladent les collines sèches. L'humidité de l'Amazonie, à l'est, et celle de l'océan Pacifique, à l'ouest, sont bloquées par les hauts sommets. A cette altitude c'est le soleil qui domine et ça fait du bien car on ne l'a pas beaucoup vu depuis notre arrivée.

C'est dans un océan de nuages que nous commençons à descendre. Impressionnant de voir cette mer bloquée sur la sierra.. La végétation passe au vert luxuriant.

Et l'on finit par atteindre la couche cotonneuse qui ondule sur les pentes des coteaux. On passe au gris. 200 km de descente permanente, les freins chauffent. On s'arrête pour déjeuner au bord de la route histoire de laisser Philéas refroidir ses pattes.

Les pueblos d'en bas commencent à sentir le café et le cacao. On en traverse de très moches et de plus en plus sales. Ce côté de l’Équateur est moins touristique que la Cordillère et ça se voit. La température grimpe, l'humidité aussi. Mais c'est "l'hiver", il fait bien moins étouffant que ce que nous avions imaginé.

En fin de journée, un peu à court d'idées pour trouver un endroit pour la nuit on atterrit chez un Allemand très sympa qui accueille des voyageurs chez lui gratuitement. Il y a dix ans il a commencé à fabriquer de la bière pour son usage personnel et la commercialise maintenant dans tout le pays. Impossible d'échapper à une fameuse dégustation, elle est vraiment excellente. Il a aussi monté un resto autour de sa piscine, plein le week-end. On visite sa brasserie artisanale, il propose à Gaspard de le former pendant quelques semaines aux secrets du malt et du houblon ! On a bien failli poser Philéas au fond du jardin mais il fait vraiment chaud, on a envie d'air alors on repart en laissant le liquide ambré fermenter dans les grandes cuves en inox de ce petit coin d’Équateur.