"Le voyage ajoute à la vie" (proverbe Berbère)

Quand un virus microscopique s'invite sur la planète Terre ...

On ne l'a pas vu venir celui-là. Covid 19. Un nom qui fait trembler la planète, qui met le monde à l'envers, qui perturbe l'ordre établi et les certitudes de chacun, qui remet en question les emplois du temps les mieux formatés. C'est bien dans ces moments indécis qu'elle doit nous servir notre capacité d'adaptation acquise durant nos mois de vadrouille.

On avait vidé Philéas et décidé, sans trop de convictions, de le mettre en vente. Chose pratiquement faite juste avant que nous soyons bouclés, portes et fenêtres bien closes, entre quatre murs pour une durée indéterminée. Confinés ! Quelle situation dingue ! On décide alors de garder notre cocon sur roues pour avoir un chez-nous après cet épisode, libres d'aller où l'on veut, de retrouver notre souffle.

Dès la fin du confinement nous avons donc retrouvé Philéas avec bonheur, repris nos marques et sillonné le Sud, du plateau de l'Aubrac à Arcachon, des Cévennes aux Alpes de Haute Provence, toujours sur les petits chemins de traverse, bivouaquant sous les pins ou au bord des champs, dans une ferme de Salers ou dominant les volcans d'Auvergne, escaladant les collines de la Drôme ou découvrant les paysages sublimes du Triève. Et que dire de nos rencontres extraordinaires de gens ordinaires, inoubliables moments de partage et d'amitié.

Nous, le seul virus qui nous guette c'est celui de la ’’vanlife’’car ce qui devait être un voyage au long cours tourne au nomadisme au long cours. Il y a encore tant à découvrir ! Philéas n'est pas prêt de rentrer au garage...

Une boucle est bouclée

Philéas est arrivé à bon port, à Anvers, le 11 Octobre. Nous l'avons récupéré avec joie ! Puis, pendant 1 mois et demi nous avons roulé bien à l'abri de la pluie et des tempêtes bretonnes, à notre rythme, histoire de ne pas conclure trop vite l'Aventure, histoire de nous laisser le temps d’accepter de rompre avec le mode de vie nomade qui nous plait tant. Dur ...

Nous voici dans le Sud de la France depuis quelques jours. La bonne nouvelle c'est qu'il fait beau. Quel bonheur de revoir le soleil. Nous jonglons entre les "obligations" familiales, les heureuses retrouvailles avec notre trèèèès nombreuse famille et le déménagement de Philéas. J'ai enfin franchi le pas. Le nid se vide petit à petit et les malles se remplissent. C'est fou ce qu'on a pu mettre dans un si petit espace !!! Il y a plein de placards et la nature ayant horreur du vide ...

J'ai versé quelques larmes lorsque j'ai enlevé la déco, tout ce que j'avais mis tant de soin et de plaisir à installer il y a deux ans. On a quand même rigolé en constatant tout ce qu'on avait emmené "au cas où" ! Deux caisses intactes de médicaments entre autre ! Nous avons soigné les petits maux avec des huiles essentielles, basta. Quand à mes cinq kilos de copeaux de savon de Marseille pour laver le linge ils sont toujours là ! Vive les lavanderias !

Donc voilà, ça y est, Philéas sera bientôt prêt à devenir la maison roulante de quelqu'un d'autre. Pas de nostalgie, enfin pas trop, mais du bonheur et de la gratitude pour avoir pu vivre ces mois de vadrouille dans de si belles conditions. Quant à la suite on lui cherche toujours une issue mais on a confiance, on trouvera bien un titre pour une nouvelle aventure !

53600 kilomètres plus tard ...

Des milliers de kilomètres avalés, 53 600 depuis notre départ de France, le 13 Mars 2018, plus que le tour de la ligne équatoriale, un sacré chemin... Effacés les doutes, l'appréhension du départ, les tâtonnements, l'angoisse de l'inconnu. Maintenant on sait ! Et comme on sait on aimerait tellement recommencer. On aimerait avoir des ailes et retourner là où la Terre s'est montrée sous ses plus beaux atours, là où une rencontre nous a donné envie que le temps s'arrête, là où nous avons partagé des moments forts et éphémères. Oui, LE VOYAGE AJOUTE A LA VIE, quel qu'il soit, quel que soit sa forme, sa durée ou sa destination. A condition de savoir regarder.

Le voyage bouscule, interpelle, change nos regards sur les autres, sur l'autre, sur soi. Petit à petit on apprend à voir la joie là où il semble n'y avoir que la misère, la vie là où il n'y a rien, la tendresse là où on ne l'attend pas. L'être humain est incroyable.

Le voyage au long cours c'est aussi apprendre à écouter, son instinct, ses envies. Apprendre à échanger, à demander, à se laisser guider, l’œil et l’ouïe aux aguets. Puis à faire confiance...

Mais c'est aussi apprendre à gérer un quotidien hors des sentiers battus. Le maître mot est bien sûr l'adaptation. Que l'on possède ou non cette qualité au départ on la développe très vite ! Loin des "vacances", la vie sur les routes demande beaucoup d'énergie. La gestion de Philéas, de l'école (vaste sujet !), de l'itinéraire, de l'eau, des nuits, des rencontres, des visites, du temps, des imprévus. Et encore, dans notre 4**** nous sommes très loin du mode root's ! On en a rencontré des voyageurs, dormant dans le coffre de leur voiture, dans leurs vans bricolés, à vélo, en sac à dos, on admire mais on ne pourrait pas, ça c'est sûr ! Nous ne regrettons pas le choix du niveau de confort engagé pour ce périple qui nous a permis d'accepter plus facilement les moments difficiles, le mauvais temps parfois, les situations pourries, les petits maux ou la fatigue, les grosses journées, les kilomètres de piste. Bien dormir partout, avoir de l'eau chaude, de l'eau froide, de l'eau tout court, des toilettes tout le temps, mais quel luxe ! Bien loin du mode de vie de tant de gens encore aujourd'hui. Philéas a été notre refuge. Sans lui, plus d'aventure. Très vite son espace chaleureux et rassurant nous a été d'un grand réconfort, surtout pour Aloys qui disait "on rentre à la maison maintenant ?".

La vie nomade on n'y connaissait rien et on a adoré. La liberté. Le temps d'avoir le temps. Luxe suprême. On a appris à apprécier l'instant présent, les rencontres furtives, un sourire, trois mots échangés au coin d'une table, les apéros avec des inconnus. Pas simple au début, on veut s'attarder, tout savoir, s'attacher mais c'est impossible, il faut lâcher prise. On l'a fait.

Sommes nous transformés ? Non, juste enrichis ... Et 53.600 km, ça en fait des souvenirs à conserver dans un coin de notre mémoire. Alors voilà, il parait que c'est terminé, enfin ici, sur cet immense continent Sud Américain. Qu'est-ce qu'on ressent ? De la fierté surtout, fiers d'avoir osé . De la joie bien sûr, c’était si beau. De la nostalgie déjà, tant de choses vont nous manquer. Des regrets, un peu, on peut toujours faire mieux et avec moins. Et l'envie, toujours, d'aller voir ailleurs si le monde est beau.

La suite ? Une nouvelle aventure à inventer !

Carthagène des Indes le 21 Septembre 2019



On part !

Arrivés à Nouméa il y a plus de dix ans, nous partons voguer vers de nouveaux horizons. Nos trois aînés volant de leurs propres ailes c'est avec notre petit dernier, 6 ans, que nous partagerons cette nouvelle aventure.

Un périple au long cours, quelques mois en vadrouille tout autour de la terre, à la recherche d'autres petits coins de paradis.

 Du Pacifique à l'Atlantique, en été comme en hiver, en sac à dos ou en maison roulante, nous allons expérimenter un mode de vie aux antipodes de ce que nous avons connu jusqu'à présent, une parenthèse entre un passé bien rempli et un futur à réinventer. Il n'y a pas d'âge pour ce genre d'aventure mais un moment idéal, le nôtre !

 Nous avons vendu notre belle maison, fait un gros tri dans nos affaires, mis nos souvenirs en cartons, un pas difficile à franchir mais libérateur. Nous partons donc de Nouméa le cœur léger, très émus bien sûr de laisser derrière nous nos amis et les paysages fabuleux du Caillou mais heureux de pouvoir partager à travers ces pages de nouvelles émotions au fil de nos découvertes.

 

FAITES AVEC NOUS DE BEAUX VOYAGES !

 

Anne-Clémence, Gaspard et Aloys

Nouméa, le 21 Avril 2017