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Patagonie du Nord, lacs et volcans

Jeudi 17 Janvier 2019, ce volcan c'est Osorno. un magnifique spécimen Chilien de stratovolcan, prêt à exploser n'importe quand, la dernière éruption date de 1869. Il domine l'immense lac Llanquihue le long duquel se pressent les touristes. On ne s'attarde pas, il y a trop de monde dans le coin. C'est l'été, les grandes vacances au Chili et en Argentine. La région des lacs qui s'étend entre les deux pays offre milles activités. Nous tentons une approche du lac Todos los Santos mais nous fuyons en arrivant au parking bondé. Alors on roule vers la frontière Argentine.

Impossible de trouver un endroit calme pour la nuit avant la frontière. On quitte la route pour suivre une piste qui mène aux termas de Puyehue. Mais il y a encore beaucoup trop de monde et aucun endroit où poser Philéas. On monte encore et encore jusqu'à ce petit lac au bord de la piste. Arrêt des moteurs, grenouilles et nénuphars, parfait.

Vendredi 18 Janvier 2019, début de matinée olé olé avec un entêté qui a décidé de ne pas travailler ... On finit par redescendre de notre montagne et filer vers le Paso Cardenal Antonio Samoré, la frontière avec l'Argentine. 40 km dans des paysages parfois surréalistes, pas de doutes nous sommes bien au pays des volcans.

Un passage de frontière plus tard nous arrivons à San Carlos de Bariloche dans la région des lacs côté Argentin. Petite ville huppée de montagne, au bord du magnifique lac Nahuel Huapi. Des airs de ville Suisse avec spécialité de chocolat, chalets, et tout et tout. Et plein de monde. Et parmi tout ce monde, alors que nous cherchons une laverie on voit une fille nous faire de grands signes dans la rue. Anne-Sophie ! Avec qui nous avions fêté Noël. Ils sont ici depuis une quinzaine de jours pour faire réparer leur Kombi.

La laverie trouvée, le linge déposé, on prend la décision de trouver un camping. Plusieurs voyageurs se sont fait voler ou agresser en pleine nuit. On sort un peu de la ville en espérant trouver calme et tranquillité au bord du lac. Raté. Le camping est hors de prix et au bord de la nationale ... et du lac, certes. Mauvaise humeur générale ...

Samedi 19 Janvier 2019, on reçoit des messages. Le gang des Chiliens est là. Solène est arrivée hier soir, Martin et Héloïse aussi, Jenifer et Guillaume quittés à Puerto Montt arrivent aujourd'hui en bus ! Mais malgré notre envie de les revoir tous notre planning est chargé, Gaspard doit installer le convertisseur trouvé au Chili, on doit aussi laver les filtres à eau, faire un bon ménage, faire bosser Aloys, récupérer notre linge avant midi et avons envie de filer loin des embouteillages de Bariloche. L'environnement et les hauteurs sont sublimes mais on ne peut pas tout voir ni tout faire.

La route des sept lacs

De Bariloche à San Martin de los Andes la célèbre Ruta 40, qui traverse toute l'Argentine par l'ouest, prend le nom de route des sept lacs. Des petits, des moyens, des grands, bleus, verts ou noirs, visibles ou moins visibles selon les points de vue aménagés et de sympathiques rencontres où l'on finit par trinquer à l'eau tellement il fait chaud !

Nous n'arrivons pas à San Martin ayant vidé une bouteille d'eau gazeuse et bien rigolé sur un belvédère ! On cherche un bivouac tranquillou. Mais ici aussi les lacs sont pris d'assaut. Il nous faudra de la patience et un ripio plein de bosses pour trouver enfin notre bonheur en fin de journée. 

Dimanche 20 Janvier 2019, la matinée parfaite ! Petit déjeuner au soleil, partie de pêche, contemplation. Trop beau pour durer ?

On range tout, on démarre, on reprend la piste, on arrive enfin au bout de la piste, on retrouve avec bonheur l'asphalte de la 40 et ... tiens, la porte de la soute bouge dans le rétroviseur , pas normal ça, elle n'est pas fermée à clé d'habitude ? Heu, non, me répond le chargé de fermeture, je ne la ferme jamais ... Ah, bon ?! Pourtant il nous est arrivé la même mésaventure il y a quelques mois ... On a perdu une partie de notre cargaison dans un rond- point sans s'en apercevoir ! Un monsieur nous avait rattrapé pour nous prévenir, nous avions tout récupéré et juré de bien fermer à clé ... J'enrage ! Il manque la batterie du vélo ainsi que le bidon réserve d'eau. On repart sur le ripio, il nous avait manqué ! Je vois passer en sens inverse le 4x4 des guadaparques, les gardes forestiers. Je me dis qu'ils ont peut-être ramassé nos affaires sur la piste. Mais ils vont trop vite pour nous. On continue donc, aller ET retour bien sûr en scrutant le bas-côté sans rien trouver qu'un petit morceau de contreplaqué qui était aussi dans la soute. Tout est donc bien tombé ici. Au croisement avec la 40 il y a une baraque de police. On leur explique l'histoire et on leur demande de contacter les guadaparques. qui ne répondent pas, bien sûr. Je finis par donner mon numéro Whatsapp au policier et on repart sur la 40, rageant et pestant. Presque arrivés à San Martin je retrouve du réseau et un appel du policier qui me dit de revenir, les guadaparques ont bien récupéré nos affaires ! Et c'est reparti dans l'autre sens.

On trouve enfin la maison des guadaparques bien cachée au fond des bois. Visiblement on réveille un monsieur pas très aimable qui nous rend nos affaires. Fin de l'histoire pourrie, on repart à San Martin !

Au fond du Lago Lacar fermé par une plage, San Martin de los Andes est une petite ville tranquille de quelques rues. Avec l'épisode qui a avalé notre journée nous n'avons pas le temps d'aller plus loin. On passe la soirée et la nuit dans une rue calme.

Volcan Lanin

Lundi 21 Janvier 2019, encore un sublime stratovolcan d'environ 3700 m d'altitude posé entre Argentine et Chili. Dernière éruption en 560, hier quoi. Cône parfait, saupoudré de neige, se détachant dans le bleu du ciel. Une piste suit les contours du lac Huechulafquen.

Nous posons Philéas dans ce joli décor. De l'eau à volonté et un volontaire pour un rafraichissement des tapis. Jusque là tout va bien. Puis, nous trouvant un peu loin de la berge et un peu trop dans le sable qui rentre à cause du vent nous explorons la possibilité de nous rapprocher de l'eau. Gaspard saute sur la couche de cailloux, ok pour avancer. Et deux mètres plus tard nous sommes bien au bord de l'eau mais ... plantés ! On enrage ! Malgré nos efforts collectifs on reste encailloussés , mot parfait inventé par Aloys pour définir notre bêtise. La nuit tombe, on remet à demain le désencailloussage. Mais dormir dans un Philéas tout penché en sachant que s'il se passe quoi que ce soit (genre l'explosion inopinée d'un énorme stratovolcan) on ne pourra pas bouger, ça empêche de fermer l'oeil. Nuit pourrie sur fond de vent enragé. Il peut toujours s'énerver nous sommes bien calés, c'est le bon côté de la chose ...

Mardi 22 Janvier 2019, au matin on reprend notre activité sportive. Un arbre gêne Philéas qui doit reculer pour se sortir de l'ornière. Je l'ampute de grosses branches. L'arbre est un modèle très tendre, il coopère, je scie, il cède sans broncher. Mais rien n'y fait. On recule un peu à chaque tentative mais la roue arrière droite s'enfonce inexorablement. Gaspard arrive cependant à bien braquer les roues avant. Je lui suggère alors d'essayer de repartir en marche avant. Il tasse les cailloux, met les plaques devant les roues arrières et fait chauffer le moteur. Et Philéas avance comme dans un rêve, nickel ! Je hurle victoire comme une guerrière, scie à la main, une folle ! de soulagement ! Je déteste les encailloussages, ensablages, embourbages mais il parait que ça fait partie du jeu ma pauv'Lucette.

Remis de nos émotions c'est tout guillerets que nous saluons Lanin et prenons la RP 23, jumelle du rio Alumine dont elle suit parfaitement les courbes.

Et cette fois-ci nous choisissons avec prudence notre petit coin de paradis pour la nuit. Lui c'est le ravissant rio Pulmari, un haut-lieu de la pêche à la truite. Mais nous n'avons pas de permis ce qui peut coûter cher. On s'abstient. A la place on sort fauteuils, cervezas et bouquins, pas mal non plus pour finir une journée mal engagée.

Mercredi 23 Janvier 2019, la piste repart dans les araucarias, majestueux résineux originaires de la région. On lit sur des panneaux qu'il est strictement interdit de ramasser les pignons. Seuls les indiens Mapuche ont ce droit. Peuple indien fier et rebelle qui a résisté aux Incas et aux conquistadors, ces "Gens de la terre" ont traversé la Cordillère, ils ne sont ni Argentins ni Chiliens, ils sont Mapuche et résistent encore pour conserver leur langue, leurs terres, leurs traditions. Ils vivent souvent dans les campagnes pauvres, cultivent et élèvent ce qu'on veut bien leur laisser ... Nous sommes en pleine région Mapuche, les pignons du Pewen, l'Araucaria, sont leur droit et leur aliment de base.

Toujours au bord du rio Pulmari arrêt pique-nique rafraichissant. On trempe nos pieds dans l'eau glacée pour faire une course de petits bâtons qui filent dans le courant. On resterait des heures à jouer sous la douceur du soleil. Je profite quand même de l'eau claire pour faire une petite lessive.

Dernier lac au bout de la piste, le lago Aluminé et la huppée Villa Pehuenia sur sa rive aux eaux clairs et turquoises, attirantes mais glaciales. On se promène dans une pinède, l'odeur de la résine chaude, l'épais tapis d'aiguilles au sol, les criques cristallines, ne manque que les cigales et le Pastis ! Une grosse bouffée de nostalgie.

15h50 ...

16h38 !

Cap vers l'Est, vers le cœur de la Patagonie, le centre du pays. Un détour, un aller-retour pour une histoire de dinosaures. Du côté de la ville de Neuquen on a retrouvé le plus grand dinosaure connu à ce jour. La région est truffée de fossiles. A Villa El Chocon il y aurait des traces de pas de dino. On y court ! Et en quelques kilomètres le décor change radicalement.

Nous posons Philéas sur le belvédère qui domine le lac de retenue d'El Cholcon juste à temps pour un lever de lune magnifique qui plonge Aloys dans une émotion indescriptible et fait surgir des milliers de questions. On n'est pas couché !