Dimanche 9 Juin 2019, nous venons de passer une nouvelle frontière, notre septième pays d'Amérique du Sud. Comme d'habitude nous ressentons une petite montée d'adrénaline face à l'inconnu. Comment seront les gens ? les routes ? les bivouacs ? La nourriture ? S'adapter, encore et toujours. Nous n'avons rien préparé, rien lu. Nous venons de télécharger le guide du routard. Un rapide coup d’œil et on décide de partir vers la Cordillère, la Sierra ici, pas trop haute mais suffisamment pour échapper à la moiteur du Pacifique.
On l'appelle la Forêt des Nuages cette forêt d'altitude sur les contreforts des Andes et, première constatation, c'est bien trouvé ! Les nuages nimbent les sommets, s'insinuent dans chaque recoins, tombent sur les routes puis reprennent de l'altitude, se déchirent pour laisser parfois percer le ciel. Notre première après-midi est donc brumeuse et sinueuse. La nuit tombe, on roule encore, il est difficile de s'arrêter, les quelques maisons qui bordent la route se serrent dans une végétation qui se densifie. On finit par atteindre la place d'une église, pas très jolie.
Lundi 10 Juin 2019, Loja. Petite ville au milieu des montagnes. D'emblée nous sommes surpris par la propreté, la courtoisie au volant et l'absence de klaxons ! Après le Pérou ça fait du bien ! Le plein d'essence est un bonheur, le moins cher de tout ce que nous avons vu jusqu'à présent mais tout se paie en dollars, la monnaie officielle du pays. Le niveau de vie semble plus élevé que chez son voisin.
Rue de Lourdes s'affichent toutes les vierges des pays d'Amérique du Sud et celles d'ailleurs, les plus connues, en couleur dans un style discret. L’Équateur aime le Rococo et Lourdes.
Cette reproduction dans l'église San Sebastian est surprenante !
Autour de la Plaza de Independencia flotte un petit air colonial.
Un tour au marché. Déclinaison du maïs sous toutes ses formes. En grains entiers, en farine, en feuilles pour emballer, en épis frais. Produit star de toutes les Andes, il se cuisine de toutes les façons. Le très gros maïs blanc, le mote, est cuit à la vapeur, on le retrouve quasiment dans tous les almuerzos, les menus proposés partout pour le déjeuner. Avec le jaune on fait des tamales, une pâte de maïs farcie à la viande et aux épices cuite dans une feuille de maïs. On en avait mangé dans le Nord-Ouest de l'Argentine et on en trouve jusqu'au Mexique. Le maïs a encore de beaux jours devant lui.
Fleurs de Jamaïque pour infusions exotique ou œufs de toutes les couleurs même des vert pâle ( ça viendrait de la jeunesse de la poule m'explique une dame)
De la viande on en mange de moins en moins mais là on risque de devenir vraiment végétariens ... ce n'est pas très inspirant ces bouts de viande qui pendouillent même si tout est propre autour. Dans des bassines, des montagnes de graisse de porc. La viande hachée attend gentiment, oui, mais depuis quand ? Depuis le Pérou on sait que la couenne de porc ça se mange ... bien frite... c'est le chicharron. Bon, passons.
Étal foisonnant de plantes odorantes. Pour les infusions, les soupes, les soins, pour tous les goûts.
Mais comment parler Équateur sans parler de la banane ? A toutes les sauces au pays de l'or vert. Sucré ou salée, de l'entrée au dessert. Je finirai bien par aimer ça.
Mardi 11 Juin 2019, Il y a deux ans nous atterrissions à Sydney. aujourd'hui nous sommes en Équateur et pour l'instant, hormis le temps, tout nous sourit dans ce pays. On s'y sent déjà bien. Les gens paraissent un peu moins curieux qu'au Pérou, plus réservés. Ils font de petits signes amicaux mais nous abordent moins. On passe une nuit sur le parking de la piscine municipale et on constate qu'ici la vie commence très tôt ! ça tombe bien, on a hâte de voir la suite.
La Cordillère des Andes on la pratique depuis la Terre de Feu alors on pensait la connaitre. Mais là elle nous surprend avec ses vallons raides et ses prairies bien vertes. On la traverse sud/nord et non en travers comme dans les autres pays. Alors à nous les montagnes russes. Un coup vers la tête, un coup vers les pieds, Philéas, docile, se laisse emmener à travers les vallées.
Un drôle d'arrêt à Saraguro. Dans ce pueblo aux origines Inca de 30 000 âmes certes il fait humide et les bottes s'imposent mais surtout les gens sont habillés d'une façon bien étrange, tout en noir. Après la débauche de couleurs dans les Andes Boliviennes et Péruviennes on se demande ce qui a bien pu se passer ici. La légende raconte que depuis 1533 le peuple de Saraguro porte le deuil du dernier empereur Inca, Atahualpa, méchamment étranglé par Francisco Pizzaro à Cajamarca au Pérou. Et comme j'adore les légendes, moi j'y crois ! Et c'est ce que m'a dit la dame de l'office du tourisme, alors.
Les hommes tressent leurs longs cheveux et portent un pantacourt qui leur donne un look vraiment à part.
Jupe noire, châle noir, chapeau noir, chaussettes noires, pas de doute, elle porte le deuil.
Femme ... Homme. La dualité est la base de leur culture.
Pour contrebalancer tout ce noir les femmes se sont lancées dans la fabrication de bijoux en perles où l'on retrouve l'expression de la joie par l'explosion des couleurs. Partout dans les rues les étals alignent les créations faites avec patience.
Sur la route de Cuenca on se retrouve nez à nez avec une autre spécialité, ça c'est pour Obelix nous dit Aloys. Toute Gauloise que je suis la vision de ce petit cochon embroché entier me fait frissonner. Mais en même temps il semble tellement dodu et appétissant ! On ne le goûtera pas aujourd'hui, on vient de prendre un almuerzo dans une guinguette au bord de la route, Soupe, poulet, riz, salade et jus de mûre. Pas exceptionnel mais très économique.
Mote et papas cuisent sans façon pour accompagner le pauvre petit cochon dodu ... Gaspard salive ... Roule Philéas, la route est encore longue pour rejoindre la jolie Cuenca et sa spécialité toute Équatorienne.
