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Quand la nature se fait peinture

Lundi 4 Mars 2019, derniers tours de roues en Argentine ce matin, nous repartons au Chili par le Paso de Jama, la frontière la plus proche de San Pedro de Atacama. Mais nous allons surtout faire nos premiers pas dans le désert de l'Atacama dont certaines zones sont les plus arides au monde.

Le Paso de Jama est accessible par une très belle route  empruntée par de nombreux camions et bus touristiques qui vont à San Pedro qui n'est qu'à 150 km. Nous nous arrêtons pour cuisiner nos derniers légumes et passons les six guichets Argentins et Chiliens pour entrer pour la cinquième fois au Chili avec un contrôle sanitaire qui tourne au contrôle géographique pour Aloys, le gentil douanier étant plus intéressé par ses connaissances sur le continent Américain que par le contenu de notre réfrigérateur !

Nous voici prévenu, ici c'est le désert. Et très vite les paysages vont se succéder, insensés de beauté, irréels, comme des tableaux. Et comme toujours les images ne peuvent décrire ce que l’œil voit. Il n-y a rien à dire, on contemple ce déferlement de couleurs, béats. On franchit le cap des 4860 m d'altitude, plus haut que le Mont Blanc. Entourés d'une chaine de volcans flirtant tous avec les 6000 m on se retrouve nez à nez avec le Licancabur qui domine San Pedro de son cône parfait. La frontière Bolivienne et le Sud Lipez ne sont qu'à une quinzaine de km. Le petit poste frontière Chilien coupe la route qui s'enfonce dans l'isolement de l'Altiplano. L'oxygène manque un peu, cela fait 24 h que nous sommes à plus de 4600 m, Aloys s'endort, assommé. Le soleil commence à faiblir lorsque nous entamons la terrible descente vers San Pedro, une ligne droite qui nous fait passer de 4800 à 2200 m d'altitude en vingt kilomètres ! et ça fait mal, aux freins et à la tête. Nous terminons en seconde à 20 km/h en regardant effarés les bas-côtés jonchés de tôles écrabouillées et de croix à leur côté ... Puis enfin la descente se calme mais la ville n'apparait pas, masquée par le sable soulevée par le vent. C'est au terme de cinq heures de route que nous pouvons enfin couper le moteur, lessivés mais comme enivrés par cette entrée  dans le désert de l'Atacama.