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On entre en Terre de Feu

Samedi 17 Novembre 2018, 16h50, nous entrons au Chili. Comme prévu nous avons droit à une fouille du frigidaire et des placards. La douanière, très gentille, nous prend simplement un bout de gingembre et apprécie le rangement des placards ! Il nous faut une heure pour faire toutes les formalités, l'importation du véhicule, la fouille. Tchao Argentina, hasta pronto !

La Terre de Feu ! Cette île qui termine le continent Américain. Celle qui voit la Cordillère des Andes mourir dans l'océan Antarctique, à deux pas du grand continent blanc. Partagée d'un trait pas très pratique entre Chili et Argentine, il faut quitter l'un, passer par l'autre puis rentrer à nouveau dans le premier ... les hommes parfois !

Terre d'aventures, de légendes, d'imaginaire. Jamais nous n'aurions pensé arriver là un jour et encore moins en camping-car ! Alors ce premier panneau Chilien annonçant cette terre si proche nous procure une certaine émotion ...

Vers Punta Arenas on reste sur le continent. En tournant à gauche, la fin du continent, le bac, le détroit. On tourne !

Punta Delgada. On arrive juste au moment de l'embarquement sur le bac qui traverse plusieurs fois par jour le détroit. On prendra nos tickets à bord. Et encore une fois on a l'immense chance d'avoir un temps sublime et pas un pet de vent !

Nous y sommes, nous, ici, sur le détroit du grand Magellan, ce lieu mille fois conté, imaginé, rêvé ! Lui a mis des semaines à louvoyer entre Octobre et Novembre 1520 parmi les 600 km de cette ancienne vallée glaciaire qui relie Atlantique et Pacifique . Pour nous la traversée vers l'île de la Terre de Feu ne durera que trente petites minutes.

Trente minutes d'émotion et de magie, comme des enfants devant une vitrine de Noël ! Et pourtant ce n'est qu'un bras de mer comme un autre ! Mais on pense à ceux qui ont courageusement tracé la route devant nous et on admire. Et puis on pense à ceux laissés derrière nous pour entreprendre à notre tour un si grand périple.

Le traversier, lui, est totalement dénué d'émotions, on débarque rapidement pour qu'il puisse repartir dans l'autre sens !

Nous sommes en Terre de Feu ! Territoire des indiens Selknam et Yagans depuis plus de 12.000 ans. Ils vivaient presque nus autour de grands feus qu'ils allumaient même dans leurs pirogues. Lorsque Magellan arriva il découvrit une terre habitée couverte de fumées. "Terre des fumées" ou plutôt "Terre de feu" car il n'y a pas de fumée sans feu aurait dit Charles Quint ! Les pauvres indiens n'allument plus rien depuis longtemps, décimés entre autre par les maladies importées ...

Pour nous techniquement rien ne change. Revoilà la route, la pampa, puis la piste et les estancias complètement isolées.

Les heures ont passé. Longue et belle journée qui s'achève dans un coin de nature qui nous sert de tableau comme chaque jour ou presque depuis notre départ. Et on ne s'en lasse pas, là, sur la route du bout du monde.