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Buenos Aires Express

Lundi 10 Septembre 2018, nous avons franchi la frontière hier, à nous l'immense Argentine ! Première nuit sur un parking de la petite ville de Gualeguaychu. Trois sympathiques retraités nous regardent nous garer et entament la conversation, on dirait bien que les Argentins sont curieux et spontanés mais il va falloir apprendre leur accent ! Ils parlent vite, les "ll" se transforment en "ch" ou en "j"et dans le nord, vers le Brésil ils parlent un mélange d'espagnol et portugais, le "portugnol"! Il faut suivre mais on se débrouille.

Au réveil on essaie d'être efficaces pour filer le plus vite possible vers Buenos Aires. Il n'y a que 230 km mais nous mettons 5h pour y arriver ! Efficaces on a dit !

On traverse cette grande capitale à l'allure européenne, on se plante car le GPS n'est pas au courant des travaux titanesques qui sévissent partout dans la ville et on finit par aboutir dans un quartier plutôt neuf, le long des anciens quais, juste en face du vieux quartier de San Telmo dans lequel on déjeune tard. On marche ensuite jusqu'à la Plaza de Mayo et la Casa Rosada, l'Elysée local. Cette place est le cœur historique de Buenos Aires. Et c'est ici que depuis 1977 les mères dont les fils ont disparu pendant la dictature réclament la vérité. Elles se réunissent tous les jeudi à 15h30. La fondatrice du mouvement a maintenant 89 ans ...

Dans les rues piétonnes la foule se presse. On tombe sur une démonstration de tango, cette danse caractéristique de la région de Buenos Aires et du Rio de la Plata. On ne s'attarde pas trop car on cherche un endroit où acheter une carte SIM pour avoir Internet et ça n'est pas très simple. On choisit un opérateur, Personal ou Claro, on se fait enregistrer, puis il faut charger des unités mais on ne peut payer qu'en liquide, liquide rare car les DAB ne veulent pas tous nous servir et sont en plus limités à un faible montant ! De guerre lasse nous finissons par céder à l'appel des "cambio" "cambio" "cambio" que l'on entend partout dans les rues sortant de la bouche de types à l'air un peu louche. Ils proposent de changer des dollars contre des pesos. On en suit un dans une arrière-boutique, pas très rassurés ! Finalement nous ressortons de là en ayant fait une bonne opération car ils prennent moins de taxes qu'un bureau de change classique.

Bref, munis d'internet nous retrouvons Philéas car la journée n'est pas terminée. Il nous faut maintenant chercher un coin pour passer la nuit vers l'aéroport, Enguerrand a un avion pour Iguazu demain matin à 6h ! On aimerait donc dormir sur place pour ne pas avoir à nous lever aux aurores. La super application Ioverlander nous trouve un point GPS, un parking le long de l'autoroute qui mène à l'aéroport, bonne nuit en perspective ! Mais finalement on se cale sous un arbre, derrière un bus, le bruit n'est pas si terrible. C'est aussi ça le voyage...

Courte nuit donc et adieux difficiles au petit matin ...

On repart très tôt à Buenos Aires, pas de circulation, on trouve facilement une place Puerto Madero, le même quartier que la veille, on se gare et on file se recoucher ! Aloys est dépité, il pleure, c'est toujours très dur pour lui de quitter ses frères. On décide de se changer les idées du côté de la Boca.

La Boca

Quartier des immigrants italiens à partir de 1860, il est resté très populaire et touristique grâce à deux ou trois rues dont les maisons de tôles sont peintes de couleurs vives. On dirait un décor de cinéma. Il faut sortir de cette zone hyper fréquentée pour vraiment s'imprégner de l'histoire du quartier. Mais on nous l'a déconseillé pour cause d'agressions fréquentes. Fatigués on décide de ne pas s'aventurer plus loin que le bout de notre nez.

La Boca c'est aussi le célèbre club de foot dont est issu Maradona. Mais comme nous ne sommes pas des passionnés on zappe le stade de la Bombonera ! On se contente donc d'une petite promenade agréable au soleil et on zappe aussi la photo avec les danseurs de tango et le sosie de Maradona ! Nous ne sommes finalement pas de bons touristes !

Aloys retrouve le sourire on l'emmène donc passer l'après-midi dans le quartier de la Recoleta ... et son Père Lachaise local ! Les innombrables allées sont tentantes pour une bonne partie de cache-cache !

Et l'énorme Ficus (Gomero) en face du cimetière tend ses bras robustes pour des heures de jeu tandis que les parents se reposent à son pied autour d'un tea time au célèbre restaurant de la Biela qui était le rendez-vous des écrivains et des coureurs automobiles.

Comme chez nous les pigeons se portent bien mais il y a parfois un intrus parmi eux !

Devant La Biela, le courrier postal. Recoleta joue la carte de la nostalgie.

En attendant, Philéas n'a pas bougé de la grande avenue sur laquelle il est planté, devant un parc de jeux, un robinet d'eau à proximité et peu de circulation une fois la nuit tombée, tout ça gratuitement et sous le regard curieux et bienveillant des policiers de passage et des habitants du quartier qui viennent nous dire bonsoir en passant. On reçoit même des messages de gens qui ont relevé l'adresse du blog "je vous ai vu Avenida del Libertator, bon voyage en Argentine" ou " Je suis un voisin, je veille sur votre casa rodante"! Incroyables ces Argentins ! On s'endort donc paisiblement au cœur de cette ville de plus de trois millions d'habitants.

Mercredi 12 Septembre 2018, le temps a radicalement changé durant la nuit, la promenade le long des anciens quais se fait sous la menace d'un ciel chargé mais nous partons quand même nos parapluies sous le bras.

Soudain apparait une frégate sur fond de buildings. Fragada Sarmiento, premier bateau école de la marine Argentine à partir de 1899 qui effectua 37 voyages au long cours et plusieurs tour du monde, recyclé en musée très intéressant.

Le reste de la journée on arpente à nouveau San Telmo puis on marche vers l'Avenida 9 de Julio réputée être la plus large du monde, 140 mètres. Mais une manifestation est passée par là et a laissé des traces ! On fuit !

Dernière image peu reluisante d'une très belle ville que nous avons beaucoup aimé et dont il reste encore tant à visiter. Mais nous commençons à avoir envie de calme et de nature. On décide de remonter tranquillement vers le Nord, vers les somptueuses chutes d'Iguazu.

Puerto Madero, Philéas laisse sa place ...