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Arequipa et le Cañon de Colca

Samedi 20 Avril 2019, tiens mais qui voilà ? Auxence fraichement débarqué à l'aéroport d'Arequipa sans sa valise qui suivra demain. Aloys a trépigné toute la journée, un supplice pour lui cette longue attente avant de pouvoir enfin retrouver son frère. Nous sommes arrivés bien à l'heure après avoir quitté l'océan dans la matinée, fait un arrêt dans un centre commercial et un magasin de bricolage et papoté sur le parking du Maestro ( genre de Leroy Merlin) avec une charmante famille Péruvienne en attendant l'heure d'arrivée de l'avion, l'aéroport étant tout proche.

Ils nous mettent en garde contre les voleurs qui selon eux sévissent partout au Pérou et nous conseillent d'aller dormir près d'un poste de police. Ce que nous faisons. Première nuit tranquille pour tout le monde, Auxence récupère de ses heures de vol et du décalage comme un ado, vite !

Dimanche 21 Avril 2019, c'est donc en forme que nous commençons cette nouvelle journée un peu particulière car c'est le jour de Pâques. Et ça fait deux ans jour pour jour que nous avons pris l'avion à Nouméa pour nous envoler vers cette aventure incroyable. Et aujourd'hui nous sommes ici, dans le joli centre d'Arequipa, classé à l'Unesco. Un peu déçus quand même par la messe sans ors particuliers et assez vite expédiée. Mais la façade de l'église Santo Domingo, en pierre de lave blanche (sillar) est superbement sculptée.

Aloys fait sa chasse aux œufs comme il le peut ! Ce ne semble pas être une tradition très répandue ici, je n'ai trouvé qu'un œuf garni dans un supermarché mais on s'est aperçu que c'était du chocolat à la cacahuète, il est allergique !

Le centre d'Arequipa est construit dans cette pierre blanche volcanique ce qui lui donne une belle unité. La grande place centrale, ombragée de hauts palmiers, est longée de grandes arcades et d'une cathédrale souvent malmenée par les nombreux tremblements de terre qui secouent la région. A 2300 m d'altitude le climat de la ville est ensoleillé, l'air doux, l'ambiance agréable malgré le volcan Misti qui la domine de ses 5800 m. La Plaza de Armas grouille de touristes en ce mois d'Avril, fin de la saison des pluies.

Non loin de là, nous entrons dans un ravissant havre de paix, le couvent Santa Catalina qui serait le plus grand monastère du monde. Fondé en 1579 il accueillait essentiellement les filles de riches familles aux ascendances espagnoles. Pour y entrer elles devaient verser une dote très importante et faire construire leur cellule privée, petite maison avec chambre, cuisine, salle pour se changer et un étage qui servait à loger plusieurs servantes. Certaines partageaient leur maison quand elles étaient de la même famille.

L'ensemble forme une ville dans la ville avec ses ruelles chaulées en rouge, ses patios en bleu vif, ses cloitres isolés des rumeurs, sa place, ses petites maisons et sa grande église en sillar.

Dans chaque cuisine un étonnant filtre à eau : une pierre poreuse laisse goutter l'eau filtrée dans un récipient placé en-dessous.

Le lavoir est très original, de grandes jarres coupées en deux servent de bassines, l'eau venue des montagnes coule dans un canal dont on dévie le cours dans les jarres. Un jeu d'enfant très amusant !

Nous avons pris une guide en français, Stefania. Elle nous plonge dans l'univers de ces riches nonnes d'un siècle révolu. Les temps ont changé, les religieuses occupent maintenant une partie du monastère modernisé. A la fin de la visite nous repartons, seuls, pour une nouvelle promenade dans ce lieu enchanteur.

En cherchant un restaurant nous grimpons sur une terrasse avec vue sur la grande cathédrale néo-classique longue de 107 mètres, achevée en 1656 mais reconstruite au XIX ème après avoir subit de nombreux dégâts entre séismes et incendies. Le dernier séisme de 2001 a endommagé fortement ses tours restaurées depuis.

Le centre historique n'est pas très grand mais nous avons beaucoup marché et la fatigue commence à atteindre notre voyageur. Philéas est garé à deux pas, dans un garage surveillé. On ne peut y passer la nuit, on trouve donc une place dans une rue tranquille après avoir traversé la ville pour retourner à l'aéroport récupérer la valise pleine à craquer de nos commandes dont un nouveau convertisseur 220 volts ! La valise est bien là mais il manque un sac à dos qui était dedans ... elle a été ouverte ... on suppose que c'est par la douane car le cadenas à code était refermé. Rageant ! Heureusement il ne manque rien d'autre.

Lundi 22 Avril 2019, on remet Philéas au parking pour un dernier tour de ville. On voulait visiter la cathédrale fermée hier mais les garçons n'ont pas le droit d'entrer, ils sont en bermudas ! et les photos sont interdites à l'intérieur.

On visite le Museo de Santuarios Andinos qui retrace l'histoire de la découverte en 1995 d'une momie Inca surnommée "Juanita, princesse des glaces" sur le glacier Ampato à 6300 m d'altitude. De quoi plonger Auxence dans l'univers des sacrifices d'enfants Inca. L'exposition met en scène de nombreux objets retrouvés avec la momie de cette jeune fille.

Nous quittons la ville en fin de journée et trouvons un bivouac tranquille près de sources thermales à quelques kilomètres.

Mardi 23 Avril 2019, la journée démarre tôt, on file vers le Canyon de Colca, 160 km au nord d'Arequipa. Mais pour l'atteindre il faut passer par l'Altiplano et grimper jusqu'à 4900 m d'altitude, un record pour Philéas qui se conduit comme un chef !

On redescend assez rapidement vers la ville de Chivay, porte d'entrée du canyon. Nous nous acquittons d'un droit de passage et poursuivons notre route le long du rio Colca et ses magnifiques terrasses de cultures, les andenes.

La route grimpe et surplombe de façon vertigineuse le canyon profond de 3400 m. On peut y voir des condors planer de très près mais plutôt le matin. Une espagnole nous demande si nous pouvons la ramener au village le plus proche, elle attend un bus qui n'arrive pas et désespère de pouvoir rentrer à son hôtel. Le temps de faire l'aller-retour le ciel se couvre, de gros nuages chargés de pluie. Nous trouvons un endroit pour garer Philéas et passons le reste de la journée à l'abri du vent et du froid.

Mercredi 24 Avril 2019, la brume a envahi le fond du canyon, le spectacle est magnifique mais nous avons beau guetter les condors ils ne se montrent pas. Un peu déçus nous décidons de partir, une longue route nous attend pour retourner vers le lac Titicaca.

Arrêt pique-nique sur la route aux abords jonchés de déchets mais avec jolie vue sur la lagune Lagunillas.

La traversée de la ville de Juliaca est un cauchemar. Les rues sont sales et défoncées, la circulation totalement anarchique, il nous faudra 2 h pour en venir à bout ! Et c'est en pleine nuit que nous atteignons Llachon au bord du Titicaca. Nous réussissons à faufiler Philéas sur la place non éclairée du hameau après avoir évité d'extrême justesse de percuter un âne et quelques brebis, les animaux se baladant seuls sur le bord de la route et les bergères rentrant leur troupeau dans la nuit...

Demain nous chercherons un bateau pour nous emmener sur une île flottante.