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Bem vindo a Portugal

Vendredi 8 Juin, à peine franchi le fleuve Guadiana, frontière naturelle avec l'Espagne, nous devons nous familiariser avec le portugais qui ne ressemble en rien à l'espagnol surtout à l'oral ! J'aime bien cette sensation, me sentir perdue dans un nouveau pays, ne rien comprendre, essayer d'apprendre les quelques mots usuels de politesse qui font toujours plaisir aux habitants qui apprécient l'effort surtout quand c'est Aloys qui parle. Il n'a jamais peur et reste très spontané, ça plait beaucoup surtout quand il dit "adios" en prononçant "adioche" !

 

Le Portugal, des plages de toutes les tailles, de toutes les formes et ... de toute l'Europe ! La région de l'Algarve, au sud, a perdu son identité, menus en anglais, campings bondés, nous la traversons un peu dépités. Quelques coins encore préservés quand même comme la jolie ville de Tavira, son petit pont romain au-dessus du rio Gilao et ses toits à quatre pentes. Le soir nous trouvons un parking dominant l'océan dans le petit village de Burgau. Inutile d'essayer de caser nos quelques mots appris dans la journée, on entend parler anglais d'un bout à l'autre de la plage.

Tavira, Algarve

Surplombant l'Atlantique et la praia do Burgau ce mignon petit camion à glaces sera notre voisin de nuit.

Cabo Sao Vicente ou Praia da Odeceixe, le choix est vaste pour profiter des jolies plages le long de la côte.

Cauchemars au camping ...

 

Dimanche 10 Juin 2018, nous trouvons un camping à Vila Nova de Milfontes en fin de journée. Là encore l'Europe du Nord s'est donnée rendez-vous ! Mais l'endroit est plutôt sympa, plein d'eucalyptus et il y a une piscine. Après une journée "grosse lessive" au soleil le temps vire au gris. Le lendemain Gaspard veut rester dans ce camping pour faire un petit entretien sur Philéas ... Il se met à démonter la porte d'entrée pour revisser la fixation de la vitre qui bouge un peu. Il veut remplacer les vis par des rivets, bien plus solides ... Il remonte ensuite l'ensemble et décide de river aussi la poubelle intérieure. Fin de l'opération, réactivité, efficacité...

La fenêtre est restée ouverte, la nuit tombe, il commence à faire froid, je veux la remonter pour la fermer mais elle ne bouge pas d'un poil. J'appelle Gaspard à la rescousse, il empoigne la fenêtre, rien ne bouge non plus ! Je le vois blêmir, se ruer sur sa visseuse, dévisser la porte et constater avec stupeur qu'il a rivé la poubelle dans la fenêtre qui était restée ouverte. En effet la fenêtre coulisse vers le bas dans la porte ... BOULETTE !!! Il y a maintenant un gros trou au milieu ! Heureusement c'est un double vitrage en plexi et ce n'est "que" le côté intérieur qui est troué ... Et non, mauvaises langues , je n'ai rien dit !!! Pas eu besoin, il s'est traité de con tout seul et pas qu'une fois !!!

Mercredi 13 Juin 2018, on décide de lever le camp dans la journée. Vers 13h une dame s'adresse à nous en français mais c'est pour nous demander si on parle anglais ! Elle nous explique qu'une dame est tombée dans les douches, elle ne peut plus marcher. Elle a glissé et ne peut plus poser le pied par terre. On va la voir et on lui propose d'appeler les pompiers mais elle refuse énergiquement. Alors Gaspard va chercher du renfort et revient avec une chaise et un monsieur pour l'aider à la transporter. On l'installe dans son camping-car qui est juste en face de Philéas, je lui glace le pied un moment puis Gaspard lui fait un bandage. Elle nous raconte un peu sa vie, elle est Néerlandaise, elle a une maison à 2 km d'ici mais elle est en plein divorce, son mari habite la maison, elle vit au camping... Pendant ce temps la dame française est allée prévenir le directeur du camping qui arrive et propose de faire venir un médecin. Mais rien à faire, elle refuse. Nous la laissons se reposer en lui disant que si besoin elle peut nous appeler et que nous reviendrons dans un moment pour voir si tout va bien. Son pied ne semble pas très gonflé. On décide de rester au camping, elle est seule et ne peut pas bouger, son mari ne répond pas, on ne peut pas la laisser comme ça.

Deux heures plus tard on retourne la voir pour lui proposer de lui préparer un dîner. Et là, vision d'horreur, elle est allongée par terre, il y a du sang partout, son pied est retourné à 90°,  le cauchemar ! A priori elle a voulu se lever et poser son pied qui s'est complètement déboité.

J'ai une nausée et manque de m'évanouir mais Gaspard me demande de téléphoner fissa aux pompiers. Je remballe ma peur et mes nausées et je fais le 112. Problème : je ne parle pas portugais ! Mais le médecin comprend l'urgence et moitié espagnol moitié anglais on arrive à communiquer.

Gaspard part en vélo attendre les secours à l'entrée du camping et je me force à rester avec la pauvre dame. Je lui met quelques coussins derrière la tête, j'essaie de lui parler, de la rassurer. Je lui demande pourquoi elle n'a pas crié, elle sourit et hausse les épaules, elle chante "Happy Birthday To You" de Stevie Wonder, je la trouve vraiment étrange. Je ne comprends pas comment elle fait pour rester consciente avec une telle blessure.

Les pompiers mettent une éternité à arriver alors que la caserne est juste derrière le camping. Ils prennent enfin la dame en charge puis viennent nous demander ce qui s'est passé. Ils ne comprennent pas non plus pourquoi elle n'a pas hurlé de douleur. Ils sont persuadés qu'elle a pris des trucs illicites et qu'elle boit ... On en aura confirmation le lendemain par son mari qui a été prévenu et qui vient constater les dégâts ... On discute un peu avec lui puis on quitte enfin la côte envahie pour retrouver le calme du côté d'Evora au bord d'un lac, enfin seuls. L'occasion de sortir les vélos et de laisser Aloys faire un petit nettoyage extérieur de Philéas qui brille sous le soleil d'une belle fin d'après-midi.

Les maisons portugaises sont encadrées de jaune ou de bleu, les rues sont pavées, les villages respirent la propreté, le calme et la simplicité.

Evora

Samedi 16 Juin, petite capitale de l'Alentejo Evora se visite en trainant le pas dans les ruelles écrasées de soleil. Ancienne ville romaine elle en conserve quelques vestiges comme le temple de Diane et un aqueduc. On grimpe, on tourne, heureusement que notre apprenti-guide lit bien son plan pour nous emmener dans la bonne direction ! On termine dans un petit resto très local et c'est là que nous tombons raide du vinho verde, un vin blanc frais, très léger, un peu pétillant originaire du Minho, au Nord-Ouest du pays, un vin de terroir. Et nous les produits du terroir on adore ! On a bien aimé aussi le porc noir de l'Alentejo, tendre et juteux servi dans un grand plat sans chichis. La simplicité toujours mais le bon goût en plus, c'est ça le Portugal.

En poursuivant vers le nord et la région de Comporta on tombe sur des rizières ! On ne le savait pas mais on cultive du riz au Portugal, depuis 1925.

On fait une pause à Alcacer do Sal, le long du fleuve Sado.

et rejoignons l'océan pour une promenade vivifiante sur la magnifique praia da Alberta Nova et un coucher de soleil qui sonne l'heure du repos bien mérité. Demain une dure journée nous attend ... plage ...

Un petit tour à Carrasqueira, trois petites barques et puis s'en va ...

Arrêt pique-nique, on s'est trompé de pays là ! Juste après le port de Setubal la plage de Figueirinha et sa longue bande de sable . L'illusion avec un lagon du Pacifique sud s'arrête au moment de mettre les pieds dans l'eau ... glaciale ! De quoi refroidir un peu les ardeurs de notre sportif en herbe qui nous parle avec nostalgie de son lagon chaud, lui !

Nous ne sommes plus très loin de Lisbonne. Le Tage à traverser. Un camping à trouver pour laisser Philéas à l'abri, cette grande ville n'est pas faite pour lui. La chaleur est accablante, nous mettons la climatisation pour la première fois. Nous trouvons une place sous les arbres de l'unique camping du coin, juste en face de la piscine pour le plus grand bonheur d'Aloys qui oublie l'eau froide de l'océan et barbote jusqu'à la fermeture. Le problème c'est qu'il n'est pas tout seul ... le camping accueille les gens des alentours, il fait piscine municipale quoi ! J'adore ... Heureusement tout s'arrête à 20h, le calme s'installe, on peut savourer un verre de vinho verde au frais, Philéas devient dans ces moments là notre havre de paix, un cocon bien à l'abri des autres ...