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Mongüi, un gros détour pour une bonne raison

Mardi 3 Septembre 2019, de Villa de Leyva nous aurions dû suivre la route et remonter vers le nord pour aller directement à Barichara. Mais nous décidons de repartir vers le sud, de traverser la ville de Tunja et de prendre l'autre route du Nord car nous nous sommes fixés une mission... Mongüi. Non, ce n'est pas pour sa belle église que nous avons fait ce détour de plus de 3h. Ni pour sa jolie place.

Ravissant village d'altitude il cache un drôle de secret qui se dévoile vite autour de la plaza. Partout des ballons ! Insolite ! On cherche à en savoir un peu plus. Dans les années 30 un habitant du village faisait son service militaire à la frontière du Brésil. A Manaus il aurait visité une prison et c'est là qu'il aurait vu comment on cousait les ballons de foot. Revenu à Mongüi il monte sa petite fabrique et apprend aux habitants la technique du ballon cousu à la main. Le village entier s'y met, les paysans, les femmes, les jeunes, tout le monde coud ! La réputation des ballons de Mongüi prend de l'ampleur. Non, nous n'avons pas la passion du foot, pas du tout même ! Mais nous connaissons un jeune vrai passionné et c'est pour lui que nous sommes là, son parrain voulait lui ramener quelque chose de spécial, loin de ce qu'on peut trouver habituellement dans les boutiques de souvenirs d'Amérique latine, un ballon de Mongüi, village perdu au fin fond de la Colombie !

Trois familles fabriquent encore les ballons de façon artisanale et les autres ont cédé à l'appel du thermocollé. Nous entrons dans une première boutique. Bingo, c'est la bonne.

De la petite balle au ballon de foot la technique est la même. Une balle en caoutchouc est entourée de fil grâce à une machine très artisanale ! Des formes hexagonales sont découpées dans du cuir naturel ou synthétique. On confie le tout aux doigts de fée du village qui assemblent chez elles les 32 pièces nécessaires pour habiller un ballon de foot.  

Il n'y a plus qu'à shooter !

Pour les ballons collés il faut un moule. Le tremper dans de l'eau bouillante puis dans de l'eau froide. Mais ils sont bien moins résistants à l'usage. C'est dans le mini mini musée que l'on se rend pour en apprendre encore un peu plus. Un super après-midi qui manque de virer au drame quand Aloys sort en courant et se prend une voiture qui arrive du bas de la place ! On entend un freinage et un choc. Heureusement que la dame roulait doucement. Elle ne s'est pas vraiment rendu compte qu'il a buté dans l'angle de son pare-choc. Plus de peur que de mal, une éraflure sur la jambe. Quelques minutes plus tard il se met à trembler et devient tout blanc. Le contre-coup. Il réalise ce qui aurait pu lui arriver. Il pleure et il pleut des trombes. Fin de la visite.

Mercredi 4 Septembre 2019, 7h du matin, on laisse Aloys dormir et on s'évade dans les rues de Mongüi. On adore ces échappées du petit matin, regarder le pueblo s'éveiller et attraper les premiers rayons du soleil bien à l'abri sous les ponchos épais.

L'autre particularité de Mongüi ce sont les boiseries peintes en rouge et vert, comme si c'était Noël tous les jours ! On s'attend à voir des guirlandes et des sucres d'orge, des lutins et des barbus escaladant les fenêtres.

On découvre un petit pont, fierté du village, il résonne du sabot des chevaux.

Un dernier coup d’œil à ce drôle de pueblo et nous repartons fissa, Barichara nous attend de l'autre côté de la Sierra.

Encore quelques heures de route, quelques pueblos à saluer de loin, quelques champs à traverser, mais Philéas n'est pas à 3h près avec tout ce qu'il a avalé depuis 18 mois. Et ça valait vraiment vraiment le détour. Quand on aime ...