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Colombie, dernière frontière

Lundi 23 Juillet 2019, de la Colombie on ne sait pas trop à quoi s'attendre mais d'après les échos de nombreux voyageurs au long cours c'est un peu leur apothéose, leur coup de cœur. En arrivant à la frontière nous sommes pris dans un foutoir indescriptible. Une file de gens attendent de pouvoir entrer en Équateur, les Vénézuéliens quittent leur pays en crise, ils ont traversé la Colombie et arrivent épuisés trainant avec eux leurs enfants, leurs pauvres baluchons, leurs mines défaites. Un choc pour nous d'être confrontés à cette tragédie. Avant de pouvoir passer la frontière les enfants sont vaccinés les uns derrière les autres par une infirmière au bout du rouleau. Les pauvres petits hurlent lorsque l'aiguille s'enfonce sans ménagement. Aloys est médusé et a très peur de devoir subir le même sort ! Nous avions préparé le matin plusieurs sacs de vêtements que nous laissons à l'Unicef. Il fait froid dans la Cordillère, ils ne sont pas habitués et manquent de vêtements chauds.

Une panne d'électricité interrompt toutes les transactions, la file s'allonge, il faut patienter. Puis on peut enfin recevoir le tampon qui nous permet de sortir d’Équateur et d'avancer parmi les nombreux camions vers les bureaux Colombiens. Il nous faudra plus de six heures pour franchir cette dernière frontière de notre périple en Amérique du Sud, la pire ! Nous sommes accompagnés de Pablo et Macarena nos amis Argentins qui galèrent autant que nous pour faire la queue dans un bureau, apprendre qu'il faut une photocopie de ci, retourner faire la queue, retourner faire une photocopie de ça, refaire la queue. Les garçons courent dans tous les sens sous la pluie. Il fait largement nuit lorsque nous passons, nous sommes épuisés mais il faut encore trouver une assurance à Ipiales, première ville après la frontière. Nous la prenons en quelques minutes dans un supermarché Exito et filons un peu plus loin sur un parking à l'écart de la ville, calme et gardé, tout ça sous une pluie battante. Bienvenido en Colombia ! Le coup de cœur ce sera peut-être plus tard !

Mardi 24 Juillet 2019, le réveil est bien plus sympa et nous découvrons les paysages montagneux et tapissés de cultures qui nous entourent. Au fond d'un vallon, à cheval sur un canyon, le sanctuaire de Las Lajas est un lieu de pélerinage très populaire. Cette basilique néogothique a été construite pour remplacer la petite église élevée à l'endroit où une petite fille muette aurait retrouvé miraculeusement la parole. Nous nous contentons du point de vue voulant filer rapidement vers la ville de Popayan. Nous avons entendu dire que les routes sont difficiles car sinueuses, encombrées de camions et surtout en travaux, un immense chantier routier mis en place dans tout le pays. Il faut donc être patients, les arrêts sont nombreux et on roule à deux à l'heure. Pas très marrant.

On s'arrête 100 km plus loin mais 3 h plus tard dans le parc naturel de Chimayoy pour déjeuner et prendre l'air. Les garçons sont heureux de se défouler et trouvent vite un ballon à partager dans un joli paysage. Et finalement, personne n'étant motivé pour reprendre les virages, on demande au gardien l'autorisation de rester sur place jusqu'à demain. Les Argentins nous rejoignent, le froid tombe sur la Cordillère, nous sommes toujours dans les Andes. Bonne bouteille et discussions mais ce soir on ne fait pas long feu.

Mercredi 25 Juillet 2019, on a avalé les virages et Popayan surgit en gris et blanc. Ville coloniale préservée elle déroule ses petites maisons collées les unes aux autres, ici tout est blanc. Il manque le soleil pour l'alegria mais le pueblo est joli. Il y a beaucoup de monde dans les rues, les motos pétaradent par centaines. L'heure de déjeuner est passée, affamés on tombe sur un horrible resto où on nous sert un soi-disant ceviche qui s'avère être un épouvantable cocktail de crevettes surgelées baignant dans une mayo tomate en boite. Pérou au secours ! Et il n'y a même pas un coup à boire ! Mais malgré ça et la pluie qui a décidé de s'y mettre aussi on apprécie le charme et la mise en valeur du patrimoine Colombien.

Jeudi 26 Juillet 2019, la Bonanza, "camping" ou plutôt lieu d'accueil pour voyageurs par d'ex-voyageurs qui ont décidé de poser ici leurs valises. C'est une famille marocaine mais ils ne sont pas là, en vacances au Maroc. Nous sommes accueillis par Ben et Jojo, deux copains Toulousains, associés plein de projets avec lesquels on refait le monde le soir à l'heure de l'apéro. L'étape, agréable, se prolonge plus que prévu, vendredi on se laisse buller sous le soleil revenu, Aloys profite du jardin et des chiens. Difficile de partir, Ben est aussi bavard que Gaspard surtout quand il s'agit de camion, voyages, aménagements. Lui aussi est un ex au long cours, ça parle ! Mais nous avons encore de la route jusqu'à Bogota et un avion le 5. Alors il faut remettre la clé dans le contact.