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Sud Lipez, on grimpe sur l'Altiplano

Lundi 15 Mars 2019, hier matin nous sommes arrivés à Tupiza, petite ville du sud. D'ici sont organisés des tours dans le fameux Sud Lipez, la pointe sud-ouest de la Bolivie, l'Altiplano qui joue avec les 5000 m d'altitude, les volcans de la Cordillère qui séparent le Chili de la Bolivie, les lagunes d'altitude , les déserts de sable et l'immense salar d'Uyuni. Le Graal pour tout voyageur qui roule sa bosse en Amérique du Sud

Impossible d'y aller avec Philéas, nous louons donc les services d'une agence, Tupiza Tours, qui nous organise 4 jours en 4x4 avec chauffeur et cuisinière. Ce n'est pas vraiment notre truc mais nous n'avons pas le choix et l'agence a une bonne réputation.

Nous trouvons un petit hôtel qui nous héberge dans son jardin pour la nuit et gardera Philéas le temps de notre virée.

Et à 8h ce matin nous embarquons dans le Toyota Land Cruiser d'Hernan notre chauffeur et guide accompagné de Fabiola notre jeune cuisinière qui organisera tous nos repas. Un dernier regard sur Philéas et nous voilà partis pour une virée de plus de 900 km.

La piste commence dès la sortie de la ville et grimpe tout de suite en altitude. Nous constatons très vite que notre chauffeur connait chaque virage escarpé, chaque passage à gué, il maitrise parfaitement son sujet et nous sommes contents de le laisser faire. Les autres voitures de l'agence suivent le mouvement, on apprécie moyennement de rouler en convoi mais on relativise en se disant qu'au moins on aura de l'aide en cas de problème. Pendant ces quatre jours nous ne croiserons pas la moindre station service ni le moindre garage, il ne faut compter que sur le bon état des voitures et l'expérience des chauffeurs, dix ans pour le nôtre qui sait de quoi il parle, c'est rassurant sur ces pistes infernales.

Quebrada Palala

4 heures de piste et arrêt déjeuner à Cerrillos, pueblo typique d'éleveurs de lamas. Il n'y a qu'eux qui peuvent survivre au milieu de ce nul part. Hernan nous vend avec conviction le programme du président Evo Morales, indien de sang, qui installe eau et électricité dans tous les pueblos du pays, allégeant un peu les dures conditions de vie des habitants. Mais les maisons restent très rudimentaires et le traitement des déchets relégué au dernier plan ...

Des tables sont dressées dans une cantine et Fabiola nous sert un repas simple mais très bon, des crudités, du riz, des lentilles bien préparés. Vite expédié, le menu est remballé dans des boites et nous repartons sur une piste de sable que l'on devine à peine le long d'un rio asséché. Il faut toute la dextérité d'Hernan et de son Toyota pour franchir les obstacles, les trous, les ornières sans perdre le fil.

Cerrillos

Les arbres sont rares à cette altitude alors chaque morceau de bois trouvé est précieux.

Des fermes à lamas complètement isolées surgissent de temps en temps, on imagine la vie des familles en plein hiver dans le vent et le froid glacial de l'Altiplano...

Un belvédère à 4000 m d'altitude et des vendeuses de souvenirs qui filent ou tricotent paisiblement comme si elles étaient dans leur salon !

La piste, mieux tracée, conduit à une ancienne ville minière datant des conquistadors, San Antonio de Lipez. Près de 150 000 personnes vivaient ici de l'extraction de l'argent, de l'or et du cuivre dont regorgeaient les montagnes. A plus de 4100 m d'altitude l'effort était considérable pour arracher les métaux précieux des flancs des volcans. La ville fut abandonnée définitivement en 1960 faute de rentabilité. Mais une légende raconte qu'elle fut délaissée subitement à cause d'un pacte avec le diable ayant mal tourné pour les mineurs ... C'est assez impressionnant de déambuler dans les ruines d'une ville fantôme en imaginant les gens qui y ont vécu dans des conditions certainement très difficiles.

Les pierres servent à tout ici faute de bois. Empilées, elles font de beaux enclos pour garder les lamas le soir. Il parait que des pumas rodent dans le coin.

Et les km s'enchainent, le désert se rapproche. La laguna Morijon marque la presque fin de cette journée interminable mais magnifique.

La nuit va presque tomber lorsque nous arrivons à l'entrée de la réserve protégée Eduardo Avaroa, gérée par les communautés locales. Là commence l'immensité du Sud Lipez et les déserts de l'Altiplano mais ce sera pour demain.

Fourbus nous prenons possession de notre dortoir dans un refuge très basique. La chambre est propre et les couvertures bien lourdes. On espère ne pas avoir trop froid cette nuit, nous n'avons pas de sacs de couchage. L'eau du lavabo commun est glacée, les toilettes servent à tous et les portes ne ferment pas !

En attendant le dîner un groupe d'enfants du village de Quetena Chico vient chanter pour espérer récolter quelques pièces. Une délicieuse soupe de quinoa plus tard nous nous couchons, éreintés par les 270 km de piste difficile. Et ce n'est que le début.