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Le train dans les nuages

Jeudi 28 Février 2019, c'est l'histoire d'une voie ferrée courageuse qui devait relier Salta au Chili en passant par l'ouest : la Puna Argentine, les hauts plateaux Andins, les cols à 4000 m puis le Paso Socompa à 3800 m, limite avec le Chili. Une belle histoire pour relier les économies de deux pays, une des histoires les plus hautes du monde, un ouvrage gigantesque de tunnels, ponts et viaducs en pagaille pour seulement 215 km.

En 1921 on pose les premiers rails et un contremaitre Yougoslave est engagé, un certain Jozip Broz, Tito de son petit nom ... Après moult arrêts, reprises, arrêts la ligne arrive à destination en 1948. Pour être suspendue au début des années 90 comme tout le réseau ferré Argentin ... Privatisée, la ligne a repris du service pour emmener les touristes non sujets au vertige ou à l'altitude dans les nuages de la Cordillère des Andes.

Nous suivons donc aujourd'hui le tracé del Tren de Las Nubes le long de son parcours dans la Quebrada del Toro.

Une zone aride, sèche, venteuse mais contrairement à ce que nous pensions la route y est parfaite, la montée vers les sommets est donc une promenade de santé parmi les cactus.

A Santa Rosa de Tastil on grimpe un peu plus pour atteindre les ruines pré-colombiennes des indiens Tastil, une grande ville qui hébergeait environ 3000 habitants entre 1000 et 1450. C'était un grand centre d'échanges, des routes partaient vers les hauts plateaux de la Puna et vers les Quebrada du nord, des caravanes de lamas se croisaient, transportant les biens à échanger.  Vers 1480 les Incas arrivèrent dans le coin et s'installèrent autour du site, créèrent un chemin vers Cuzco et absorbèrent peu à peu les Tastil. A l'arrivée des Conquistadores le site fut abandonné et jamais réhabilité.

Armé d'un coupe-vent, (ça souffle là-haut), et d'un papier pour dessiner des plans, Aloys part à la conquête de la cité oublié. Les ruines ont vraiment un côté émouvant quand on pense à ceux qui ont tant travaillé pour édifier ces maisons, toutes ces pierres savamment disposées, la vie qui grouillait au milieu de ce désert, les cultures en bas dans la vallée. Rien n'a beaucoup changé depuis pour les habitants de ces endroits reculés ...

Après une belle balade on pose des questions au gardien. Aloys lui montre son plan d'archéologue, on ne l'arrête plus, il commence à bien se débrouiller en espagnol, met beaucoup d'application à rouler les "R" et balance de chaleureux "Chau chau"( le tchao Sud Américain), pour le plus grand plaisir des locaux même ceux un peu farouches qui finissent toujours par se dérider et sortir de leur coquille face à un enfant étranger qui essaie de se faire comprendre dans leur langue.

La voie ferrée s'est enfoncée dans la montagne, nous avons perdu sa trace mais nous continuons à grimper, grimper, grimper.

Et nous voici à 4000 m ! On guettait les signes de mal être mais pour l'instant tout va bien. Le temps d'une photo et la route redescend un peu dans la Puna, ces hauts plateaux dont l'altitude varie entre 3500 et 3800 m.

A 3770 m voici le but de notre journée, le village minier de San Atonio de los Cobres. Mais comment des gens peuvent-ils vivre ici ?! C'est d'une tristesse. Moche. Poussiéreux.  Venteux. Froid. Ennuyeux. Rien à part le petit centre d'artisanat local ou on nous propose deux petits paquets de plantes indigènes licites ! La Pupusa, radicale cotre le mal d'altitude et la Copa Copa pour les maux de ventre. Vendu. Super, on va éviter la boulette de feuilles de Coca à se fourrer dans la joue toute la journée.

Et il est là le Train des Nuages. Accroché à son altitude pelée, aujourd'hui vierge de cumulus, il attend les quelques touristes qui passeront la nuit dans l'unique hôtel du pueblo. Pour nous, absolument pas tentés d'aller boire un verre quelque part et écrasés par la fatigue de l'altitude nous nous couchons tôt ! Une tisane de Pupusa et au lit !