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Sur la route de Valparaiso

Lundi 4 Février 2019, matinée bien entamée par une séance scolaire et un lever un peu tardif. On a cessé de faire des programmes, de fixer des horaires, on avise chaque jour en fonction du lieu où nous sommes.

Santiago n'est pas très loin mais nous avons décidé de ne pas visiter la capitale chilienne, compliquée et peu intéressante selon les autres voyageurs. Cap sur Valparaiso qui nous fait beaucoup plus rêver.

C'est à Panquehue que l'on trouve une rue ombragée pour un rapide déjeuner à l'heure où le pueblo fait la sieste. On discute avec ces charmantes señoras qui pensaient qu'on venait d'Australie à cause du kangourou sur les portières. Leurs yeux pétillent de curiosité. Un camping-car garé sous leur nez ce n'est pas fréquent.

Il y a ici un beau domaine viticole, l'Errazuriz. On aimerait le visiter et faire une petite dégustation mais il est fermé. On laisse donc Panhueque à sa tranquillité.

La végétation change en se rapprochant de Santiago. C'est sec, sec, sec. Que des cactus.

Puis en approchant de la côte on sent l'humidité, on voit à nouveau des arbres et des forêts. Il est un peu tard lorsque nous arrivons sur la voie rapide qui file jusqu'à Valparaiso. En traversant une petite ville nous sommes tombés sur une station de gaz GPL. Nous avons fait le plein de notre bouteille presque à sec. Un problème en moins. On galérait en Argentine. Au Chili il y des stations de gaz, comme des stations service d'essence. Pratique.

Nous n'avons pas vraiment préparé notre séjour à Valparaiso. On lit que c'est une ville compliquée, difficile d'y entrer en camping-car, de se garer. Il faut faire attention aux vols, aux pneus crevés, au car-jacking. On s'arrête 20 km avant dans un parc national pour étudier un peu plus le sujet, on verra demain.

Mardi 5 Février 2019, c'est tout vu ! Valpo est sous une belle couche de brume et le temps ne va pas s'améliorer dans la journée. On va quand même la traverser histoire de se faire une idée puis filer le long de la côte vers le sud. On a envie d'océan.

Quintay

Pour arriver dans ce petit port de pêche il a fallu traverser des collines bien pentues, une bonne approche de la typologie de la région qui nous fait pense à l'île de Chiloé. Philéas a trouvé sa place (il faut avoir l'oeil ...) et repose ses freins. Nous descendons sur la minuscule plage où se pressent les gens dans les deux restaurants sur pilotis qui sentent bon le poisson.

Malgré le temps il ne fait pas froid. C'est juste un brouillard épais qui tarde à se lever.

Les places sont chères sur la colline, il faut de l'imagination pour y caser son toit.

On a de la chance, on trouve une table libre au Miramar. Au menu, poisson frit, cassolettes de crevettes ou de Saint Jacques à l'ail, vin blanc du pays mais prix Chili ! Un pays cher pour les globetrotteurs, équivalent à la France.

A Quintay il y a surtout un musée retraçant l'époque récente de la chasse et du dépeçage des baleines. Il y avait ici une grande usine baleinière, la plus grande du pays, employant près de 1000 personnes. 1600 baleines pour 5000 litres d'huile chaque année ...

On imagine sans peine les énormes cétacés tractés sur le quai puis dépecés dans une odeur pestilentielle. 

Dans les années 60 la réglementation de la chasse à la baleine à favorisé le déclin de cette activité controversée et l'usine a fermé ses portes en 1967. Photos, films d'époque, tout est très bien expliqué , très intéressant mais dur à regarder. Aloys est choqué et préfère les expositions sur l'origine des cétacés ou les films sur leur vie dans l'océan. Deux heures passionnantes.

Après la dure réalité de Quintay nous avons envie d'un peu de poésie. Celle de Pablo Neruda dont la maison se trouve à Isla Negra, une cinquantaine de kilomètres plus au sud. Pour la poésie c'est raté, on se retrouve très vite dans l'enfer de la Côte d'Azur ou la Costa Blanca en plein été. Des km d'embouteillages pour traverser les villes qui s'enchainent le long du littoral dont nous ne voyons presque rien. Tout ça pour finalement aboutir à 21h au camping des flots bleus (version antique) car le seul spot à peu près sympa qu'on avait trouvé nous a été déconseillé par une habitante. Peligroso. On trouve un coin tant bien que mal pour caser Philéas sans arracher les fils électriques qui courent d'arbre en arbre. Notre voisin a installé une grosse sono portative qui braille. On aime ...

Isla Negra

Mercredi 6 Février 2019, on oublie la nuit et la matinée exécrables et on part vite se ressourcer dans la jolie maison du grand écrivain Neruda. Des maisons il en avait trois. La Chascona à Santiago, la Sebastiana à Valparaiso et ici sa préférée, Isla Negra, à l'époque isolée dans les pins face à l'océan. Une maison sans prétention, très chaleureuse et pleine de ses collections dont de magnifiques figures de proues dans son salon. Interdiction de photographier l'intérieur. On est sous le charme de l'ambiance douce et agréable. On adore sa chambre, cosy, lumineuse, simple. On perçoit toute la sensibilité du poète qui y conservait ses jouets d'enfant.

De chaque pièce la vue est magnifique. On imagine les embruns des jours de tempête, les petits matins brumeux, la douceur des jours d'été, les fantastiques couchers de soleil. Une vue de poète où le regard et l'esprit peuvent se perdre dans l'infini.

C'est ici qu'il repose maintenant lui qui comme Brassens avait supplié de pouvoir vivre ici son éternité.

Malgré les difficultés d'approche nous repartons heureux d'Isla Negra. Nous faisons dans l'après-midi la centaine de kilomètres qui nous ramène vers Valparaiso. Après réflexion nous avons décidé de dormir à une dizaine de km de la ville, à Laguna Verde et d'aller demain à Valpo avec Philéas. En y passant l'autre jour nous avons trouvé un endroit parfait, gardé et très facile d'accès pour nous garer. On termine la journée sous les eucalyptus odorants et au son des "tacs tacs" des Carpinteros. On aime ...