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Du ripio et des frontières

Vendredi 28 Décembre 2018, Réveil au bord du précipice surplombant le rio Pinturas. On ne traîne pas trop, aujourd'hui nous repartons au Chili. Nous voulons rejoindre la Carretera Austral, route mythique pour les voyageurs.

En repartant nous voyons deux condors voler juste au-dessus de nous. On pile au milieu du ripio. Nos premiers ! On s'attendait à en voir vers la Cordillère, pas en pleine pampa. Emocion !

Comme nous n'aimons pas la facilité nous décidons de rallier le Chili par une piste réputée très belle au lieu de passer la frontière comme tout le monde à Chile Chico plus au nord. Comme avec toutes les pistes nous ne savons pas à quoi nous attendre. Comme avec toutes les pistes ça secoue, c'est bruyant mais finalement elle est tout à fait correct malgré quelques passages délicats (mais notre chauffeur devient expert es ripio !) et elle est surtout magnifique sur fond de Cordillère. Nous ne l'aurions quand même pas tentée sous la pluie mais la météo aussi est magnifique donc tout roule.

Et même ici, au bout de tout, une estancia occupe le seul endroit où coule un ruisseau et où les vaches broutent sur l'eau au milieu des cygnes et des canards. C'est bien connu, l'herbe est toujours meilleure ailleurs.

Juste après l'oasis c'est à nouveau le désert.

Et c'est là que nous perdons un pneu ... neuf ... déchiré par les cailloux sans pitié du ripio ... On ne s'emballe même plus, ça fait partie du jeu ma pauv'Lucette. Expert dans l'art de changer une roue jumelée, (celle intérieure bien sûr, c'est bien plus drôle) Gaspard manie le cric mieux que personne aidé par Aloys qui peaufine sa formation en clé de 12 tandis que j'en profite pour faire une petite promenade ! Zen !

Et nous voici repartis tranquillement pour déboucher sur une vallée couverte de moutons ! De la verdure ? Des humains !

En effet une estancia se profile au loin. Ici pas de problèmes de voisinage ... C'est le début de la tonte. Et un mouton tondu c'est super moche ! On resterait bien pour voir tout le processus mais on a déjà assisté à une tonte en Australie et on aimerait passer la frontière avant la nuit. Alors on file, enfin, on cahote ...

Et voici le poste frontière Argentin. Philéas est plus grand que lui ! Nous sommes accueillis musique à fond. Un coup de tampon, trois blagues et l'archaïque barrière se lève pour nous laisser repartir vers le Chili 12 km plus loin.

Côté Chili le poste est aussi paumé. Un vent glacial s'engouffre à travers les murs mal isolés. Il est 18h. La douanière range stylos et tampons, elle a manifestement hâte de partir se mettre au chaud. On évite ainsi la fouille de Philéas. "Rien à déclarer?" Non rien, tout est dans la poubelle. Le miel, l'ail, les citrons, le chou rouge ... c'est interdit, on sait, alors on a tout jeté très proprement, bien emballé, en espérant tout récupérer ensuite si par chance on ne nous pique pas la poubelle. C'est ce qui s'est passé la dernière fois malgré une fouille très très poussée ! La barrière s'ouvre pour nous laisser passer. La piste est encore longue pour rejoindre la Carretera Austral et il est tard. On va bien trouver un petit coin où nous abriter pour la nuit dans cette immensité. Nous ... et notre poubelle !