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Arrêt technique à Punta Arenas

ou l'article qui donne envie !

Jeudi 29 Novembre 2018, priorités du jour : trouver des pneus et un embrayage. Punta Arenas est la ville indiquée car elle possède une petite zone franche et de nombreux garagistes. Avant de partir à la recherche de nos pneus nous laissons Georges à la sortie de la ville. Cinq minutes suffiront pour qu'il trouve un chauffeur qui l'emmène à Puerto Natales. Bonne route à notre Belge préféré !

Dans la zone franche un monsieur nous aborde, il nous explique qu'il a un grand parking pour y ranger Philéas et un atelier de mécanique. Un peu suspicieux nous décidons de réfléchir. Nous tournons avant de trouver six pneus qui feront l'affaire pour un bon prix. Pas question de les laisser dans Philéas, l'atelier d'une station service nous les gardera et les montera demain matin.

Pour l'embrayage c'est une autre histoire. Rien de compatible en stock. Il faut le commander à Santiago et il n'arrivera que mercredi ... Pas génial mais pas le choix. Nous voilà donc bloqués dans cette ville sans grand attraits, un quadrillage de rues larges et droites, un bord de mer bruyant car cerné par un boulevard. Nous décidons de partir plus au sud mais Philéas commence à patiner, Gaspard n'est pas rassuré et ne veut pas prendre le risque de bouger, on reste donc ici.

Heureusement notre amie Solène nous rejoint le lendemain. Tandis que nous déjeunons sur un parking face à la mer, le monsieur qui nous avait abordé la veille frappe à la porte et nous répète qu'il peut nous aider. Son parking est en ville mais au calme, l y a de l'eau. Vamos. De toute façon nous n'avons pas trop le choix.

Un dimanche soir sur un parking de gardiennage de camping-car ce n'est quand même pas terrible pour le moral. Mais Solène décide de nous suivre dans cette galère ! On s'installe, on tire les rideaux, un peu de musique, un bon thé, on se crée une bulle, prêts à affronter plusieurs jours dans cet environnement peu agréable. Et le lendemain on a la super surprise de voir Héloïse et Martin nous rejoindre eux aussi. Plus on est de fous plus c'est sympa !

On ne s'ennuie pas ! Finalement on est contents de pouvoir nous poser un peu. Il y a plein de choses à faire, les journées passent vite.

Mardi 4 Décembre 2018, le Mercado Municipal de Punta Arenas n'abrite plus de légumes mais quatre stands de préparations de poisson genre ceviche ou saumon fumé. A l'étage quelques tables servent des menus bon marché. Aloys tente le "plat national " ... frites et fausses saucisses, une honte ! Mais lui s'en fiche, bien au contraire !

C'est aussi le centre de l'artisanat local. Tandis que je fais le tour des écharpes, bonnets, capes tricotées par des dames habiles une petite Antonia tente une approche mais le chevalier non servant est plus attiré par le sapin dont il rêve pour décorer Philéas !

Mardi 11 Décembre 2018, oui, 11 Décembre ! On attend toujours ! Les amis sont partis, l'embrayage est démonté mais ... le problème ce n'était pas l'embrayage, usé mais encore en service. Le problème se situait avant l'embrayage, une histoire de disque, de volant bi-masse, bref, une pièce cassée, introuvable ici donc à faire usiner ! Alors on attend ... que passent les jours fériés et les week-end ... et mon blog se remplit ...

 

Mais aujourd'hui c'est jour de RUT ... On ne s'emballe pas, je ne vais pas vous écrire un chapitre ole ole ! Ici le RUT c'est le numéro d'identité ! Il sert pour tout et surtout pour avoir des réductions pour les entrées des parcs nationaux. On a appris par nos amis qu'on pouvait faire une demande pour avoir un numéro provisoire, à obtenir aux services des impôts en quelques minutes mais il nous faut un "parrain" pour avoir une adresse au Chili. Victor, le propriétaire du parking se dévoue et nous accompagne pour cette démarche.

 

Le service des impôts est près de la place centrale de Punta Arenas, certainement plus agréable sous le soleil avec ses grands arbres mais ce mardi est déclaré "jour sans lumière" ! Je vais saluer Magellan, il a belle allure ainsi perché sur sa colonne au milieu de la place. Sur un côté du monument un indien a le pied tout doré. Le pied de la chance, à caresser pour en bénéficier. On en a déjà beaucoup de la chance mais Aloys se prête quand même au jeu ... on ne sait jamais ... ceci dit, vu son enthousiasme débordant et l'énergie qu'il y met je doute du bénéfice de l'opération !

On trouve un délicieux resto pour déjeuner, 'La Cuisine', tenu par un chef Français. On a la chance d'y avoir une table, quelques minutes après notre arrivée tout est complet. Civet de Guanaco, Centolla (crabe royal), Merlu, purée maison, mille feuilles de légumes ... un régal. De quoi remonter le moral des troupes !

La suite de la journée se passera dans un atelier d'usinage où le patron s'affaire pour terminer la pièce. Il manque juste les bonnes vis. Il nous dit qu'il faudra attendre demain pour qu'il les récupère. En voyant nos têtes dépitées il sourit, attrape ses clés et nous embarque dans sa voiture pour aller acheter les dites vis ! Tellement gentil. On gagnera ainsi une bonne matinée.

Dans tout ce gris un "petit train" de Noël anime notre parking. Une dame adorable vient le décorer chaque soir pendant des heures. Elle en est la conductrice. Aloys lui file un coup de main tout en papotant. Alors un soir elle l'invite pour faire un petit tour dans le quartier et moi avec.  C'est notre rayon de soleil !

Mercredi 12 Décembre 2018, en fin de journée c'est le dernier tour de vis sous Philéas ! ça se fête ! Il était temps, je commençais à en avoir ras le bol même si nous n'étions pas malheureux ici.

15 jours à partager le quotidien de cette ville venteuse, à vivre au bord du détroit de Magellan. Jamais je n'aurais imaginé ça ! Et on y vit très bien au bout du monde ! Il y a tout ce qu'il faut à l'Unimarc du coin, les Chiliens sont adorables, le vin très bon, il manque juste un peu de soleil en ce qui nous concerne !

Demain nous irons plus au sud, là où s'arrête la route de ce grand continent. Ce n'est pas loin, nous pourrons tester les réparations et voir si tout roule chez Philéas .

Jeudi 13 Décembre 2018, la journée est déjà bien entamée lorsque nous sortons enfin de Punta Arenas pour retrouver grand air et liberté. Philéas ronronne comme un camion heureux. La route est belle le long du détroit.

Ici, une première colonie espagnole est fondée en 1584. Mais elle ne résiste pas au climat, n'arrive pas à cultiver la terre et, abandonnés, malades, affamés, les malheureux finissent par mourir. En 1586, le navigateur Thomas Cavendish y découvre trois pauvres survivants. Cet endroit s'appelle Puerto del Hambre, le port de la faim... quelle horreur. Malheureusement, le chemin pour accéder aux ruines est fermé.

On continue jusqu'àu bout de la route, la dernière route du continent Américain ! Un symbole. Pour atteindre le point le plus au sud, le Cap Froward, il faut marcher pendant deux jours.

Quoi de mieux que de lire l'histoire des grands explorateurs assis sur une plage du détroit de Magellan ...

Le ciel s'est éclairci, il est tard mais il fait encore jour. Jusqu'à 23h. Les nuits sont de plus en plus courtes en ce début d'été austral

Vendredi 14 Décembre 2018, en repartant on croise un vol de perruches.

De petits villages de pêcheurs.

Et partout des lupins éclairent le paysage.

Ici les abris-bus sont de petites maisons avec portes et fenêtres pour attendre sagement à l'abri du vent. Une drôle de maison est posée là, abandonnée, encore bien droite avec son architecture en forme de A.

Nous revenons vers Punta Arenas. Nous allons quitter le Détroit, les rêves de Goélettes, les odeurs des marées, la rude vie des pêcheurs australs, le ciel changeant si souvent et sa lumière aussi, tout ce qui fait son âme, son incroyable charme. Dire qu'il y a peu de temps encore il n'était qu'un nom dans nos livres d'histoire !

Cap maintenant vers un géant, les Andes ... une autre page, un autre monde.