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Sur le Rio Negro, épisode 2

Samedi 18 Août 2018, la nuit a été chaude mais en ouvrant portes et hublots on a réussi à dormir un peu. Le petit déjeuner copieux et vitaminé de Rose, au taquet dans sa cuisine à l'arrière du bateau, nous attend déjà sur le pont. Vie de Pacha. Le jus d'acérola, bourré de vitamines, n'est pas du tout sucré comme beaucoup de baies d'Amazonie d'ailleurs. Rose prépare pour Gaspard des bananes poêlées dont il raffole ! Et un délicieux gâteau. Et des fruits frais, du jambon, du fromage, des galettes de manioc (tapioca) et du bon café du Brésil !

On se régale sous le regard des canaris libres comme l'air et des dauphins qui jouent à quelques encablures. Dauphins d'Amazonie, à la peau rose, les Botos, il parait qu'on en verra de très près cet après midi.

Au programme ce matin une virée dans la forêt avec Isaac. Mais il fait vraiment très lourd, très humide, Aloys n'est pas du tout motivé et j'ai une espèce de cloque sur la greffe de mon pied qui m'ennuie un peu. Je désinfecte et préfère rester pieds nus. Gaspard part donc seul avec Rodrigo et Isaac. Wellington propose de m'emmener visiter le lodge auquel appartient le bateau qui se trouve non loin d'ici sur la berge, le Manati.  Tout en bois, sur pilotis, très coloré, c'est un joli havre de paix. A la saison des pluies l'eau monte jusqu'au bungalow qui doit alors ressembler à un bateau. Je rencontre le propriétaire, un charmant monsieur qui me fait visiter son paradis avec fierté car il fait beaucoup de choses lui-même. C'est sa fille, Marilia, qui nous a loué le bateau et organisé la croisière.

Wellington nous emmène ensuite faire un tour dans la forêt inondée puis chez lui ! Il habite un petit coin hors d'eau avec sa femme et son fils, Icaro, qu'Aloys a rencontré hier soir sur le bateau et qu'il aimerait beaucoup revoir.

On passe devant ses cousins qui pêchent, devant la maison de son frère, qui flotte, drôle d'univers.

On accoste devant chez lui, simple cabane sur pilotis mais très confortable à l'intérieur avec eau, électricité, télévision, congélateur. Il élève des cochons, il y a plein de porcelets en ce moment. Il m'explique qu'il a perdu trois énormes cochons attrapés par des caïmans à la tombée de la nuit lorsqu'ils s'approchent du fleuve pour boire ... Il faut donc toujours faire très attention dès que le soleil se couche mais dans la journée ça ne risque rien, il laisse son fils jouer sans s'inquiéter. Aloys est ravi d'avoir trouvé un ami et un grand jardin.

Puis on repart chercher les marcheurs et toute la troupe retourne déjeuner sur le bateau.

Le ciel se charge, des éclairs zèbrent le ciel au loin, le tonnerre gronde mais ça ne semble préoccuper personne, ni l'équipage, ni les dauphins. Après une sieste dans les hamacs Isaac nous propose d'aller nager avec ces curieux cétacés d'eau douce, nés avec l'Amazone ils ont traversé les temps, déjà là avant la naissance des Andes ! Ils sont protégés car leur population décline alors pas question d'aller les stresser. Isaac nous emmène tout près, sur un ponton flottant où se trouve une équipe autorisée à nourrir les dauphins à heures fixes.

Et c'est ainsi que Gaspard et Aloys se retrouvent dans l'eau avec un Boto tout rose ! Malgré les encouragements d'Isaac Aloys ne veut pas le toucher " mes parents me disent qu'il ne faut pas toucher un animal sauvage, il faut le respecter !" Pour une fois qu'il nous écoute ! Il finira quand même par lui faire une caresse avec la complicité de son père, le dauphin venant se coller à eux.

Après ces émotions, on met le cap sous les arbres immergés. Isaac et Rodrigo ont préparé des cannes à pêche. On va taquiner le piranha ! Aloys est aux anges ! On imagine ces poissons carnivores navigant en bandes prêts à dévorer tout ce qui bouge. Cela arrive mais rarement.

Dans les faits, on accroche un bout de viande à notre hameçon, on tape l'eau avec la canne pour faire croire à un animal qui est tombé à l'eau et on attend ... rien .... on attend ... rien ... ! On recommence plus loin ... rien ...

 puis finalement Rodrigo attrape le premier prédateur, petit mais dentu ! Ce sera le seul du coin ! Après avoir admiré son sourire carnassier on le relâche et on change encore d'endroit.

Sous les arbres pas un brin d'air. Mais ça n’entame pas notre motivation collective. On tape sur l'eau, on guette les bulles, on rigole, on apprend surtout l'art de la patience ! et soudain, victoire, on arrache au Rio un nouveau carnassier !  Il parait qu'Isaac a pêché à cet endroit un piranha de 20 kg il n'y a pas très longtemps. Depuis, le niveau de l'eau a beaucoup baissé, les piranhas sont moins nombreux. On espérait voir peut-être un caïman ou un anaconda, ils se cachent aussi. La nature décide.

On rentre juste à temps pour voir la nuit tomber. Pas de piranhas au menu ce soir mais une caïpirinha dosée parfaitement ! et encore de quoi alimenter les rêves d'un petit garçon et raconter des histoires autour d'un bon plat de pâtes à son invité du jour, le petit Icaro venu nous rejoindre avec sa maman. Le lady Mara est venu s'amarrer devant chez eux, à l'abri du vent qui souffle fort.  Encore une journée bien remplie sur le Rio Negro.