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Tanger, entre deux eaux

Mercredi 23 Mai 2018, le ferry fend le mauvais temps à grande vitesse et nous ramène vers les côtes de l'Europe signant ainsi la fin de deux mois d'un voyage inoubliable sur la terre marocaine. Elle s’éloigne Tanger, ses maisons blanches adossées à la colline ... Notre dernière médina, entre deux mers, entre deux mondes. Il est 13h30, nous avons embarqué en un temps record car en arrivant au port bien en avance on nous informe qu'un bateau part dans 15 mn et qu'il reste de la place. On fonce, Philéas se fait scanner vite fait, on jette nos passeports aux douaniers et nous voici embarqués. Pas le temps de pleurer, quand on arrive sur la coursive le Maroc n'est déjà plus qu'un trait de côte.

Deux jours plus tôt je prenais mes dernières photos... de portes ! Ces entrées comme des coups d’œils indiscrets qui percent l'intimité des ruelles des médinas. Les portes encore, cloutées, patinées, colorées, modestes, secrètes ou accueillantes. A chaque coin de rue on s'arrête, il y a toujours quelques chose à voir, un détail qui fait sourire, jamais on ne s'ennuie. Le temps semble suspendu dans ces villages au milieu des villes qui ,elles, s'accroissent, se modernisent, construisent à tout va.

Tanger prend de la hauteur. Sa casbah escalade le coteau. Place du grand Socco les hommes attendent la rupture du jeûne en devisant tranquillement tandis que plus bas, dans le souk, les gens se pressent autour des vendeurs de dattes et pâtisseries dégoulinantes de miel. A la recherche d'une mercerie un monsieur s'approche et nous guide. Dans la conversation il me dit de faire attention avec mon appareil, pendant le Ramadan les gens peuvent être plus susceptibles et beaucoup n'aiment pas être pris en photo. Je délaisse donc les rues animées.

Au détour d'une ruelle je croise cette boulangère ravie de me montrer comment elle fait ses pains dans son échoppe minuscule. Avec application et dextérité elle étale les boules de pâte sur un lit de semoule puis les fera cuire sur son petit coin de feu  et les transformera en galettes croustillantes dehors, moelleuses dedans. Il y en a partout des petites échoppes comme la sienne et des odeurs de pain chaud.

Tanger, ville côtière, aime le poisson. La construction d'un port tout neuf, tout moderne, est bientôt terminée mais pour l'instant les bateaux bleus s'entassent encore dans un joyeux désordre.

Nous avons passé trois jours ici, dont une grosse matinée chez Iveco pour une histoire de réseau électrique externe qui ne fonctionnait pas chez Philéas ce qui nous empêchait de brancher les feux du porte-vélo, pas gênant au Maroc mais plus problématique en Espagne si on se fait arrêter. Trois jours qui nous ont permis d'apprécier le charme de Tanger, la gentillesse de ses habitants, de constater une fois de plus l'incroyable vitalité de ce pays, la débrouillardise des gens pour survivre à la pauvreté et leur sourire, leur joie de vivre, leur solidarité, leur entraide, leur espoir.

Nous repartons avec, je l'espère, un peu de leur sagesse ... Bslama !