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Casablanca

Samedi 12 Mai 2018, on entre dans Casa en fin d'après-midi munis d'une adresse de parking où passer la nuit. La grande ville fait peau neuve le long du littoral, des travaux visant à revaloriser les plages. Casa, ville de mon enfance, j'y allais chaque été en Juillet rejoindre mes grand-parents qui y vivaient. Je n'y étais jamais revenue, une petite vague d'émotion me serre la gorge lorsque je la redécouvre avec mes yeux d'adulte, à l'affut de mes souvenirs. Je ne reconnais pas grand-chose, c'est une ville en permanente évolution, une ville moderne, affairée. Le GPS nous conduit le long de l'océan jusqu'au pied de l'impressionnante mosquée Hassan II. C'est là, en face de la médiathèque, que nous casons Philéas après avoir pas mal tourné, hésité, cherché mieux pour trouver pire et finalement, revenir. Une bande d'enfants jouent au ballon, il ne faut pas trois minutes à Aloys pour se mêler à eux et cinq de plus pour connaitre chaque prénom et se faire adopter par les filles qui le trouvent "zouine"(joli) et viennent me le dire ! Pendant ce temps je communique avec ma famille de cœur marocaine qui vit à Casa, Younes tient à venir nous chercher pour nous emmener chez sa mère, Fatna. Nous sommes tellement impatientes de nous revoir !

Nous sommes accueillis à la marocaine, c'est à dire comme des rois, avec une générosité et une gentillesse incroyable de toute la famille. Je suis heureuse de rencontrer les fils de Fatna, Younes et Ayoub. Nés après mes séjours au Maroc, je ne les connaissais pas. Asmahane, sa fille aînée est là, je jouais avec elle quand nous étions petite. Elle était timide et discrète, elle n'a pas changé, dévouée, effacée, si douce et gentille. Il manque la seconde, Leila mais son mari est venu de Fès pour affaires. Nous faisons aussi la connaissance d'Ouda, femme de Younes, de leur adorable petit Adame de 4 ans et de la fille d'Asmahane, la jolie Sarah, étudiante brillante.

C'est autour d'un festin pantagruélique que nous passerons cette soirée de retrouvailles. Accueillis par un thé à la menthe et un plateau chargé de pâtisseries nous devrons ensuite faire honneur aux briouats puis à un énorme plat de viandes grillées suivi d'un tajine fèves artichauts ! Fatna recharge les assiettes d'autorité lorsqu'elle estime que nous n'avons pas fait suffisamment honneur à ses plats ! Nous repartons nourris pour trois jours mais c'est sans compter sur l'invitation du lendemain à venir goûter son couscous, celui qu'elle fait chaque vendredi mais qu'elle tient à nous cuisiner. Et inutile de lui résister ! Nous nous endormons repus et entendrons à peine l'appel mélodieux du muezzin à 5h30.

Dimanche 13 Mai 2018, avant de partir à l'assaut du couscous de Fatna nous déambulons sous le minaret gigantesque et prenons nos tickets d'entrée mais les visites sont terminées pour la matinée, nous devrons revenir demain. Un petit taxi rouge nous dépose à la porte d'entrée du souk, là où ma grand-mère garait sa petite voiture et armée de ses paniers en osier venait faire le marché chaque jour ou presque. Les souvenirs remontent lentement, je hume, je scrute chaque recoin, je suis certaine que rien n'a changé depuis 30 ans dans ces ruelles. Elles me semblent quand même plus étroites et il y a tellement de monde que nous faisons demi-tour rapidement pour retrouver Philéas, nous avons décidé d'aller chez Fatna avec lui, il y a moins de circulation le dimanche et nous pouvons nous garer devant chez elle facilement.

N'ayant pas pris de petit déjeuner en prévision de ce qui nous attendait nous pouvons faire honneur aux cuisinières qui se sont données tant de mal pour nous. Nous rions, Fatna est heureuse de parler du bon vieux temps, de sa complicité avec maman, de mes grand-parents et surtout de sa mère, Izza, qui toute sa vie a partagé son temps et son affection entre sa famille de sang et nous, sa famille de cœur et a transmis des deux côté du Détroit sa bonté, sa sagesse, son humilité, sa tolérance et ce lien particulier qui nous unit.

Chacun reprend sa route... Merci pour ce partage Fatna, Asmahane, Younes, Ayoub, Ouda, Sarah, Adame. Merci pour vos présents, car nous repartons bien sûr les bras chargés ! Assiettes, verres à thé et une adorable théière offerte par Ayoub, SA théière qu'il a tenu à nous laisser pour faire du bon thé à la menthe ! Précieux !

La grande mosquée Hassan II

Lundi 14 Mai 2018, après une nuit plus au calme à pont Blondin, plage de mon enfance, nous retournons en ville, nous ne pouvons repartir sans avoir visité la mosquée Hassan II. Frappée par la houle de l'océan elle domine Casablanca de son minaret blanc qui s'élance dans le ciel bleu marine à 200 m de haut. Construite en sept ans elle a fait travailler des milliers d'artisans du royaume. 25 000 personnes peuvent se tenir à l'intérieur, 80 000 sur le parvis. Le Ramadan commence dans trois jours, la mosquée sera noire de monde pendant ce mois sacré. On profite des dernières heures de calme. A l'intérieur, marbre, stuc, bois de cèdre et un étonnant plafond ouvrant pour ventiler la salle lorsqu'elle est pleine. Une mosquée décapotable ! On a de la chance, ils font des essais rapides lorsque l'on visite. Le minaret surgit du plafond qui se referme presque aussitôt. N'étant pas douée pour les photos en intérieur je me laisse plutôt porter par le silence. J'aurais aimé que les grandes portes s'ouvrent, elles donnent sur l'Atlantique, la lumière doit entrer à flot et illuminer l'ensemble. Au sous-sol, la salle des ablutions est aussi immense avec ses bassins en forme de fleurs. Une visite instructive pour Aloys sensible à la grandeur des lieux qui doivent lui sembler encore plus gigantesques avec ses yeux d'enfants. On quitte Casa la blanche sur ces images. Elle mérite certainement de longues journées de visite mais nous fuyons le bruit et les embouteillages et préférons retourner sur la plage de Pont Blondin.