· 

Marrakech, la ville rouge

Vallée de l'Ourika

Samedi 5 Mai 2018, arrivés la veille au soir à Marrakech, nous l'avons traversée à l'heure de pointe nous faufilant entre charrettes, mobylettes, ânes et piétons, chacun roulant et traversant selon son envie de l'instant ... heureusement Gaspard reste d'un calme olympien tandis que je hurle "attention" toutes les deux secondes ! Il finit par adopter la conduite" à la marocaine", forçant le passage, zigzagant comme les taxis et moi, les yeux rivés sur le GPS, je copilote pour nous mener à bon port. On pousse à chaque fois un soupir de soulagement quand le moteur s'arrête et que Philéas se pose sans une égratignure ...

Et ce matin on retraverse tout dans l'autre sens comme des chefs ! Nous n'avons pas très envie de bruit et de foule alors on part vers la campagne, la vallée de l'Ourika. On prend de l'altitude, une légère brume recouvre le paysage, les coquelicots parsèment les champs, les maisons en pisés restent debout malgré le temps qui passe. Un calme bienvenu après l'agitation de la ville.

Dans tout le pays les bébés dromadaires ( dromelons ou chamelons ???) sont nés et accompagnent leur maman. Trop mignon ! Au bord de l'oued Ourika les Marrakchis viennent se rafraichir en été lorsqu'une chaleur torride écrase la ville. Au loin les neiges de l'Atlas se devinent à travers le brouillard qui descend la vallée. Du coup nous descendons aussi. La route est celle des potiers. J'en profite pour demander si Aloys peut prendre un cours. Une équipe de joyeux lurons l'aide à comprendre le mouvement fascinant du tour et comment la glaise devient ce que l'homme décide d'en faire depuis la nuit des temps. Mais avant d'en arriver là il y a un sacré apprentissage. Le plus âgé, le patron, nous propose de garder Aloys, de le rebaptiser Abdul et d'en faire un bon potier !!! Réponse négative de l’intéressé !!! On repart en leur laissant quelques vêtements, être potier ne rapporte pas beaucoup de dirhams ...

La médina

Dimanche 6 Mai 2018, il ne fait pas très beau à Marrakech mais au moins il ne fait pas trop chaud, parfait pour s'enfoncer dans les ruelles ocre rouge. On a laissé Philéas sur un parking bien pratique à l'entrée des remparts, merci l'application Park4Night qui nous facilite tellement la vie depuis notre départ. Passé la Bab Agnaou on entre dans la médina. On commence à bien connaitre les parfums de ces vieilles rues encombrées mais on aime toujours autant les étals des épices, la profusion des articles, l'or, l'argent, le cuir. Une mini échoppe est à vendre ... on appelle ?!

Marcher dans le souk est éprouvant, les ruelles sont très étroites, il y a du monde et surtout il faut se battre contre les sollicitations permanentes des marchands qui veulent tous vous faire rentrer dans leur échoppe "juste pour le plaisir des yeux" ! Sans parler des "guides", ces jeunes qui vous collent pour soi-disant vous aider à trouver votre chemin dans ce dédale et qui vous pressent pour vous emmener dans les boutiques de leur famille. Je finit par remballer vertement celui qui nous suit depuis un moment alors que nous lui avions dit cent fois avec le sourire que nous n'avions pas besoin de lui. Nous n'aimons pas beaucoup cette ambiance un chouia agressive, très différente de Fès, Meknès ou Essaouira. C'est un peu fatigués que nous arrivons sur la place Jemaa el Fna . Les "charmeurs de serpent" sont là. De loin (je déteste ces bestioles) je prends une photo. Pendant ce temps Gaspard se fait mettre un serpent autour du coup et le "charmeur" m'appelle et me harcèle pour que je le photographie. Il va ensuite nous réclamer 600 Dirhams (60 euros) !!! Je rigole et Gaspard cherche quelques pièces dans sa poche en lui expliquant qu'on ne paiera jamais une telle somme, n'importe quoi !. Mais le type, furax, commence à nous engueuler. Je le regarde et lui explique que sa photo je n'en veux pas. Je la lui montre et je l'efface mais il essaie de m'arracher l'appareil pour effacer toutes mes photos ! Je crie plus fort que lui et le menace de porter plainte. Un de ses comparses voyant que je ne lâche rien finit par arriver, calme son copain et s'excuse. On repart furibonds, excédés de se faire arnaquer ainsi. On nous l'avait dit, les marocains l'appellent ARNAKECH ...

Pour se calmer on va boire un thé au Café de France en attendant que la nuit fasse apparaitre comme par magie les dizaines de stands de grillades en tout genre. Un autre spectacle se met en place, celui des rabatteurs qui vantent leur menu mais cette fois dans la bonne humeur. On fait le tour des stands juste pour le plaisir d'écouter leurs arguments pour vous faire choisir leur table plutôt que celle du voisin. C'est drôle, sympa et ça nous réconcilie avec cette place si célèbre dont on avait du mal jusqu'à présent à percevoir le charme.

Cette pêche à la ligne nous laisse dubitatifs ! Il faut voir la concentration et le silence pour attraper une bouteille de Coca !

Mardi 8 Mai 2018, hier il a plu une bonne partie de la journée ce qui n'a pas empêché Aloys d'aider le jardinier du camping entre deux averses ...

Mais aujourd'hui c'est grand ciel bleu, on repart donc se garer  sur notre parking préféré pour une nouvelle balade dans la médina, des tombeaux des rois saadiens au palais Bahia en passant par des ruelles moins fréquentées, on découvre avec bonheur une Marrakech plus intimiste, plus feutrée.

Nous cédons à l'appel des calèches pour un petit tour au trot. Ravi, Aloys hérite du fouet sous les ordres du cocher. Quartier juif, remparts, palais royal, Koutoubia, on avance au rythme lent des chevaux qui se frotte parfois à la modernité, on fonce ainsi dans une mobylette puis dans un triporteur, la calèche n'a pas de freins ! Et avec les soubresauts, difficile de prendre des photos.

Mais il est bientôt l'heure de retrouver Philéas pour une bonne douche (sur le parking, la classe quand même la vie en camping-car !) car nous avons rendez-vous au golf d'Annakil, chez mon cousin qui vit ici depuis quelques mois. Dans la joie des retrouvailles je n'ai même pas pensé à prendre des photos d'eux et de leur très jolie maison.

Le jardin Majorelle

Mercredi 9 Mai 2018, nous sommes prêts à affronter la foule pour une visite dont je rêve depuis longtemps, le jardin Majorelle. Évidemment il y a du monde, nous faisons une bonne demi-heure de queue avant de pouvoir pénétrer au cœur de ce lieu mythique, oasis de calme dans cette ville frénétique. Il faut essayer de faire abstraction des gens pressés qui viennent juste pour un selfie, se tenir à l'opposé des groupes, être patient pour réussir à faire une photo sans personne dans le cadre, viser, attendre, cliquer vite, très vite, trop vite. Essayer aussi de se laisser porter par la magie de ce bleu qui se marie à la perfection à la végétation, au jaune, au rouge passé des allées même si ce n'est pas évident de rêver entre un bus de chinois et un groupe de russes ..

Rêver encore à l'hôtel du Beldi, magique, féérique, atypique, un verre à la main ... on se laisse doucement glisser dans ce luxe discret en regardant tomber les étoiles sur ce coin de terre qui nous raconte mille émotions.