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Vanuatu, île de Tanna


Dimanche 23 Avril 2017, c'est avec impatience et excitation que nous montons dans le vacarme infernal d'un minuscule coucou, quarante minutes de stress intense en ce qui me concerne! Mais pourquoi me fourrer dans de tels galères? Pour Tanna, île du sud de l'archipel.

Nous rêvions depuis très longtemps de voir son volcan, Yasur. Alors quand nous le découvrons au loin, grondant et fumant, l’émotion est indescriptible ! Petit à petit il se rapproche, la piste s’enfonce dans sa cendre, on entend son souffle, ça ressemble à un orage en plus sourd. Parfois il crachote, parfois il tousse ou s’énerve et change de couleur. C’est émouvant d’entendre la respiration de la Terre . Et dire que ce soir nous serons au bord de son cratère!

Notre chauffeur traverse une plaine de cendre au pied du volcan pour rejoindre notre gîte perdu de l'autre côté, au sommet de la forêt tropicale . Impossible d'y monter seuls, la piste est incroyable, de profondes ornières, de la boue, d'énormes bosses. Heureusement il est adroit et la connait par cœur. Un village se cache dans la forêt, les nombreux enfants de la tribu apparaissent sur le bord du chemin ou au détour d'une clairière, une jeune fille monte dans la benne et profite de ce taxi improvisé.

Et deux heures après notre arrivée sur l'île nous découvrons le gîte et sa vue magnifique sur le volcan. Rien que le chant des oiseaux et le souffle de Yasur. Mythique!

VOLCANIC VILLAGE VISTA, attention, coup de cœur !

Un bout de forêt défrichée, quelques cases en bambou et feuilles de pandanus, deux fauteuils incongrus qui trônent sur une pelouse bien tondue, des fleurs, des oiseaux, la mer au fond, un volcan vivant devant. Un autre monde. Une sensation de paix, de silence, de bien-être ... on s'assoie, on contemple.

Notre case est pile en face de Yasur. Les grondements et explosions donnent un petit côté dantesque à ce paradis. Et si il s"énervait en pleine nuit? On en frissonne de peur mais d'envie aussi. On s'installe rapidement tout en admirant la construction de la hutte, sans clous ni vis ni colle magique de chez Casto. De l'art. Aloys est ravi de dormir presque à la belle étoile mais un peu inquiet à l'idée d'avoir un voisin si bruyant.

Réception, cuisine, salle à manger

Chambre avec vue

Douche et toilettes

Animation gratuite 24h/24h

Bungalow climatisé

Construction bioclimatique

Il est 17h et notre chauffeur, un gars de la tribu d'en-bas, revient nous chercher pour nous emmener à notre rendez-vous. On refait la piste dans l'autre sens, secoués comme des cocos au plus fort d'un cyclone. Dans un ballet bien rodé les 4x4 déposent chaque jour les touristes sur une aire au pied du volcan. Passage à la caisse et regroupement pour une cérémonie d'accueil. Une danse tribale est nécessaire pour demander à Yasur l'autorisation de s'approcher de son cratère fumant mais vu le prix de l'expédition je ne pense pas qu'il refuse souvent !

Enfin, l'autorisation accordée et les consignes de sécurité données par les guides (ne pas boire d'alcool et votre sécurité est notre priorité !), nous sommes répartis dans les 4x4 qui vont emprunter ce qui n'est même pas une piste, franchir des obstacles qui auraient arrêtés Rémy Julienne en personne et nous déposer sur le flanc du volcan, à une centaine de mètres du cratère, l'esprit (et le cœur un peu aussi !) tout retourné d'avoir réussi un tel exploit, nous retrouver par une belle fin d'après-midi au fin fond du Pacifique Sud au bord du cratère d'un volcan en éruption.

Au cœur de Yasur

Plus que quelques mètres à gravir avec nos compagnons d'aventure dans une ambiance surréaliste. Rapidement nous atteignons le sommet (361 m) et le bord du cratère (400 m de diamètre). Timidement on s'approche, le voilà, on l'observe, de loin. Aloys a peur, effrayé par la fumée, l'odeur, les tremblements et grondements. Le soleil se couche, on commence à apercevoir les jets de lave, on ne parle plus, fascinés. Aloys serre ma main, très fort.

Difficile de s’arracher à ce spectacle mais il a bien fallu redescendre sur terre, conscients de la chance que nous avons d’avoir pu venir jusqu’ici, une magnifique entrée en matière pour le début de notre aventure.

Le lendemain, Aloys, malade comme un chien, nous contraint à rester tranquillement au gîte. Mais heureusement il retrouve son énergie le jour suivant. Rien ne vaut une bonne partie de tap tap ! Mieux qu'un ballon car tout petit, super léger et aussi fédérateur. Je l'avais acheté au marché de Nouméa. Vous le voyez ? Un très sympa jeune chinois de Shanghai étudiant à Brisbane a rejoint la partie ainsi que la gentille Mary qui nous prépare de délicieux repas (avec les légumes cultivés sur place) dont une divine salade de haricots verts crus et coco râpée.

Aloys se fait rapidement des copains, en dehors du fait qu'il n'est pas timide il a aussi certains arguments qui aident ... Ces petits garçons n'ont jamais vu de Lego; le plus grand apprend vite à assembler les pièces et les plus jeunes observent sans dire un mot. Ils repartiront avec, silencieux mais heureux sous le regard bienveillant de Yasur.

Et c'est avec regret que nous avons quitté cet endroit paisible et un peu mystérieux, complètement hors du temps et les Ni-Vanuatais si souriants, gentils et généreux malgré leur pauvreté. Nous retournons à Port Vila pour une courte nuit, nous avons un avion à prendre, alors que l'aventure continue !